Toute ressemblance constatée avec des personnes ayant un profil simiIaire n’est que pure coïncidence.
La voiture gravit doucement la pente de la rue Sapotille avant de s'arrêter devant un mur blanc portant une enseigne : Faculté de Médecine et de Sciences de la Santé/ Université Notre Dame d'Haïti. Voilà! C'est là que je vais passer les six prochaines années de ma vie à étudier la médecine. -"On se voit plus tard", me lance ma mère avant de m'éjecter de son véhicule. Ça c'est tout elle, pas de "au revoir" ou encore "bonne journée". Je ne me plains pas, cela fait partie de notre quotidien mère-fille. J'ai oublié les bonnes manières. Je suis Emmely Bateau et non pas Emmily comme certains ont l'habitude de m'appeler. Comme tout le monde, je suis sensible à la prononciation de mon prénom, et je ne manque pas de grimacer quand on décide de me nommer autrement. Comme vous l'aurez deviné aujourd'hui je fais mes premiers pas dans la vie universitaire. Je fixe une fois de plus le bâtiment. La première année ici ne sera pas facile, mais grâce aux conseils de ma cousine je me suis préparée à tout. Ma cousine, c'est Coralie, elle était en première année l'année dernière. Qu'est-elle devenue? Pourquoi est-ce qu'elle a disparu aussi subitement? Eh bien, elle a reçu la réponse d'une université étrangère où elle entreprend maintenant ses études. Ça c'est ce que je réponds à tout le monde. Mais la vérité c'est qu'elle a fait une grosse dépression au beau milieu de l'année à cause d'un garçon (Jonathan). Maintenant elle se remet de sa crise en consultant les psys. Qui aurait cru que cette faculté qui paraît si calme peut être sujet de drame à répétition, à longueur de journée? Une fois les escaliers gravis, on me conduit à la salle polyvalente où se déroule la messe de début d'année. Un rituel des établissements catholiques. -"On n'est pas sorti de l'auberge" me dis-je à moi-même. Je profite pour balayer la salle du regard. Zut! Je remarque des visages que j'aurais préféré ne plus revoir. Espérons que Notre-Dame soit assez spacieuse pour qu'on ne se piétine pas. ***** "Bleu ! Kijan ou rele ‘’ ? Je me presse à me mettre debout pour la cérémonieuse présentation des ‘’bleus’’. Voici que tous les regards sont fixés sur moi. Je sais à coup sûr qu'elle m'a vue. Oui, Caroline Granger sait maintenant que je suis là. Il ne manquait plus que ça. - Je suis bleue Emmely Bateau, immatriculée au numéro 012. Je viens du poulailler... - Bleu sa pa enterese nou, ki talan ou? - euh... je n'en ai pas. Ce n'est pas faux. Je n'écris pas, je ne chante pas, je ne danse pas... je ne fais rien d'artistique. - Komsi bleu, ou vle di m’ ou pa konn fè anyen? - A part vòlè nèg moun, souffle une voix à l'arrière, assez basse pour ne pas être entendue des aînés mais assez fort pour que la majorité des bleus l'entendent. Je sais que c'est Caroline. Je reconnaîtrais sa voix entre mille autres. Je ne tente pas de répliquer. Je joue celle qui n'a rien entendu. Félicitations Emmely! Partout où tu vas ,tu traînes ton passé avec toi. Désolée de vous décevoir chers lecteurs mais votre héroïne ne sera pas une sainte- nitouche. Je suis on ne peut plus coupable d'avoir convoité le bien d'autrui. A présent Caroline Granger va faire de son mieux pour me rendre la vie impossible puisque c'est elle la victime de cette histoire. Oh! Je vous assure qu'elle le pourra. Ces six prochaines années de ma vie risquent d'être l'enfer. ***** Voilà trois jours que je suis à la fac, trois jours où je reste "tête baissée" pendant les moments de bizutage; et le reste de mon temps libre je le passe à éviter Miss Granger et ses acolytes. Caroline Granger, bah c'est Caroline. Jolie, svelte, belle chevelure, superbe teint, un sourire capable de manipuler quiconque s'y perdant ... C'est la parfaite petite poupée en plastique! A elle seule elle éclipse toute les filles de la promotion. Alors comment son mec a-t-il pu tomber pour moi? Belle question! Je n'arrive même pas à répondre... À notre ancienne école Miss Granger était la plus populaire, cela ne m'étonnerait pas qu'elle reproduise le même schéma ici. On a toujours cru qu'elle finirait par devenir top model et qu'elle ferait le tour du monde. D'ailleurs qu'est-ce qu'elle fait là à Notre-Dame? Elle n'avait jamais parlé de médecine. Est-ce qu'elle fait tout ça pour me rendre la vie impossible? Il faut que j'arrête d'y penser sinon je vais devenir parano. Je devrais en parler à mes amies... Mais le truc c'est que je n'ai pas d'amies. Quand l'histoire entre Stéphane et moi a fini par devenir public, tout a changé. Au début, elles m'ont sermonné, mais elles m'ont fait comprendre qu'elles seraient toujours là pour moi. Mais avec le temps, elles ne me faisaient plus part de leurs confidences, je n'étais plus invitée aux petites soirées. Mais le pire c'est qu'elles avaient interdit à leurs "menaj" de m'adresser la parole. J'avais compris le message. J'ai brisé le code des filles (quoique Caroline n'ait jamais été une amie). Je me suis, à mon tour, éloignée d'elles. Elles n'ont jamais tenté de me contacter sinon les petits signes de la main en guise de bonjour. Je ne me plains pas. Je l'ai cherché. ***** -"Bleu ‘’ cria une voix. Casques aux oreilles je prétends ne pas entendre. Merci Coralie pour ce conseil. Et d'ailleurs, je croyais qu'ils n'avaient pas le droit de nous bizuter à l'extérieur de la salle. - Bleu, ou pa tande m’ ? Bleu matlòt. Je me fige et trahis ainsi ma fausse surdité. En seulement trois jours Caroline a réussi à rallier des aînés à sa cause. Une main se pose sur mon épaule et me force à me retourner. - Ah ah Emmely. Il fallait voir ta tête! - Sérieusement Edwin! Ce n'est pas drôle du tout. Edwin, c'est le grand frère de mon meilleur ami. Ex-meilleur ami, parce que mon meilleur ami était en même temps le petit ami d'une de mes meilleures amies; et depuis l'embargo ... on ne se parle plus. Je me permets de donner quelques coups de poing à Edwin pendant qu'il se marre. - J'ai raté les trois premiers jours de la semaine d'intégration. Si j'étais là, je t'aurais forcé à tenir la main à Caroline. - Tu n'oserais pas? - Oh que si! Tu me connais. Malheureusement oui, je le connais. C'est un farceur de la pire espèce. Si physiquement il donne l'apparence d'un nerd, psychiquement c'est tout le contraire. Il est présent à tous les ‘’party’’, il est capable d'ingurgité de l'alcool à un rythme phénoménal sans jamais finir "saoul". Je me demande comment il a fait pour se retrouver en troisième année sans aucune difficulté. - Les bleus , on vous demande en classe, crie une voix dans le couloir. - Edwin promets- moi que tu vas les empêcher de m'embêter. - Je ne te promets rien, me répond le connard en me faisant un clin d'oeil. ***** Le bizutage ce n'est rien de méchant, mais c'est quand même stupide de danser sur les airs du jingle de soleil d'été, ou encore de pousser le mur afin de le déplacer... Il y en a qui s'amuse. Moi je me fais toute petite comme le gars à côté de moi qui ne fait plus qu'un avec son bureau. Personne n'ose bizuter Caroline. Elle est plutôt abordée par les garçons. Du moment qu'elle m'oublie, ça me va. On vient nous parler de temps en temps des différentes activités de la fac. Il y a un groupe qui nous parle d'Intermed, le journal de la fac. Parmi eux je reconnais ... une amie de ma cousine. Elle réussit à me prendre à part pour me demander de ses nouvelles. - Elle va bien. Superbement bien... elle est heureuse là où elle est... tu sais si elle ne te répond pas c'est parce qu'elle est toujours occupée, et puis il y a le fuseau horaire... Voilà mon véritable talent: habilité dans le mensonge. J'aurais dû me rendre a ENARTS apprendre le théâtre. Je suis sûre que Caroline ne m'aurait pas suivie. **** Le jour qui nous délivre tous de notre étiquette de bleu est enfin arrivé (malgré les difficultés rencontrées). Aujourd'hui c'est la cérémonie de la blouse blanche. A partir de ce jour, nous pourrons enfin porter la blouse qui nous donnera droit au statut d'étudiant. Cette blouse représente pour moi un camouflage qui me permettra de passer inaperçue. Au programme de la journée nous avons la traditionnelle messe suivie d'un spectacle préparé par les bleus. Nous aurons à chanter la Notre-Damoise; les aînés ne la trouveront pas à leur goût et nous demanderont de la rechanter encore et encore... Coralie m'avait prévenue, comme j'ai l'intention de remuer mes lèvres cela ne me dérangera pas. Onze heures! Déjà la classe se vide essayant de ne pas se froisser l'un l'autre. Pour ma part je me rends aux toilettes retoucher mon maquillage (si on peut appeler ça comme ça). Pour une fois les toilettes des filles sont vides. Je pose ma trousse près du lavabo verifiant qu'il n'y a pas de flaque d'eau. Gaffeuse comme je suis, je serais en mesure de salir ma robe blanche. Ajoutons le maquillage à la liste des choses que je ne sais pas faire. A l'école c'était mes amies qui me le faisaient. Maintenant je dois chaque jour appliquer les conseils de quelques tutos que je visionne sur "YouTube". - Tiens! Tiens! Mais c'est Emmely Bateau! La voix chatoyante de Coraline vient m'irriter le tympan et faire dresser tout mes poils. J'évite de regarder en sa direction ce qui l'enlèvera sûrement l'envie de poursuivre la conversation. - On se fait une beauté? poursuit-elle. Tu as repéré d'autres mecs à voler? Là je m'énerve et lui répond - Bon sang Caroline. C'est quoi ton problème? Je me suis excusée milles fois déjà et j'ai fait tout ce qu'il fallait pour que tu m'oublies. - Et bien, tes excuses n'ont pas réparé le tort que tu as causé et ce genre d'histoire ne s'oublie pas. - C'est une erreur qui ne s'est produit qu'une fois il y a neuf mois de cela. - Tu penses que c'est une excuse? Caroline se rapproche dangereusement de moi. Moi qui ne me suis jamais battue de ma vie, je crains le pire. Est-ce que Caroline est le genre de fille à s'adonner au crêpage de chignons quelques minutes avant la cérémonie de la blouse blanche? Je cherche quand même des yeux un objet avec lequel je pourrai me défendre. - Je pense plutôt que c'est ton mec qui t'a fui et vu la manière dont tu parles je le comprends. Je vous jure que ce n'est pas moi qui ai dit cela. Caroline l'a remarqué et toutes deux nous fixons la dernière cabine du fond où la chasse d'eau vient juste d'être tirée. La porte s'ouvre pour laisser sortir une fille de quelques centimètres plus haute que moi. Bleue, comme nous, elle ne porte pas la blouse et revêt la couleur du jour, le blanc. Ce qui avait retenu mon attention était la couleur de ses cheveux qu'elle avait teinture assez particulière. Devrais-je me réjouir d'avoir été sauvée ou dois-je m'inquiéter pour "mon sauveur" qui risque de subir les foudres de Caroline? Caroline me délaisse déjà pour aller rejoindre celle qui avait osé l'affronter. Serait-ce malhonnête de ma part de profiter de cette diversion pour prendre mes jambes à mon cou? De sa démarche féline Caroline se rapproche de sa proie qui se lave les mains avec un calme étonnant. - Excuse-moi, c'est à moi que tu parlais? - Ça m'en a bien l'air, répond l'inconnue. - C'est étrange, je ne me rappelle pas t'avoir demandé ton avis. - Chérie, tu parles ouvertement de ta vie privée dans les toilettes de l'école, tu en fais directement une histoire publique. Caroline 1. L'inconnue 1. Match serré. Les adversaires s'affrontent du regard. Le public (moi) est en délire. Les deux adversaires s'affrontent du regard. Finalement c'est Caroline qui annonce le retrait avec un soupçon de menace. - Attends- toi à ce que l'on se croise dans la fac. Je ne serai pas toujours sympathique. - T'inquiète pas des pestes comme toi j'en mange chaque jour au déjeuner. Caroline rejoint la sortie d'une démarche pleine d'assurance que je ne peux qu'admirer. Elle réalise un volte-face digne de mannequin de Victoria's Secret ce qui fait valser ses cheveux longs. - Félicitations Emmely! Tu as trouvé un nouveau membre pour ton club de matlòt! Et elle s'en va, me laissant seule avec ma salvatrice dans un silence des plus troublants. Je murmure un merci qu'elle répond par un regard en biais. Je reprends mon maquillage. - Je sais qu'on ne se connait pas du tout, commençai-je, et j'apprécie beaucoup ce que tu viens de faire... Cela peut paraître déplacer mais...Tu peux m'aider avec le maquillage? Elle se retourne et me sourit. - Moi, c'est Emmely! - Zoé-Lyne... et je te sauve en deux fois la vie aujourd'hui!
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Petite, je croyais que le rouge était la couleur de Noël et des fêtes de fin d'année en l'honneur du Père Noël. En grandissant, j'ai appris que ce dernier n'existait pas et qu'en fait, le rouge était symbole de la faillite qui nous guette en cette saison de festivités.
En effet, en décembre, nos comptes basculent dangereusement dans le rouge en raison de toutes ces traditions que nous tenons à respecter ainsi que tous ces événements sociaux auxquels nous participons envers et contre tout. Dès la fin de novembre, nous devenons tous gestionnaires et comptables, tentant tant bien que mal d'équilibrer nos comptes et, quand cela s'avère impossible, faisant de notre mieux pour répartir nos fonds de manière à survivre jusqu'à la fête des Rois. Peu importe si en janvier de la nouvelle année, il nous faudra jeûner ou prétexter un nouveau régime pour expliquer la réduction drastique de nos portions et repas. Fin novembre. Il s'agit pour les jeunes de notre âge de sélectionner tous les "programmes" auxquels ils comptent participer. "Un seul" se disent les plus sages, "Cinq ou six" pour les plus fêtards d'entres nous. Bienheureux ceux qui rentrent dans la catégorie des sages et ne se laissent pas envoûter par les nombreuses affiches faisant déjà la promotion de tel artiste ou de tel DJ qui nous promettent des nuits de tonnerre. Malheureusement, les sages sont peu nombreux et la folie, très contagieuse. Ainsi, la plupart d'entre nous, fous que nous sommes, nous nous retrouvons à renouer contact avec parrains et marraines, oncles et tantes, soeurs et frères travaillant déjà, dans l'espoir d'obtenir d'eux une partie ou la totalité de la somme nécessaire à l'achat d'un billet sur six. Ainsi, bien des appels plus tard, nous nous espérons de recevoir de nombreux transferts qui couvriront les frais pour ces fameux "programmes". Il existe cependant une autre catégorie de fous: ceux qui sont rebutés par l'idée de passer tous ces appels et de devoir flatter de trop nombreux ego, se retrouvent à préparer mentalement des discours à leurs parents. Éloges ou promesses, tout est bon pour convaincre père et mère de financer notre saison des fêtes. Nombreux sont ceux qui hypothèqueront la session académique pour obtenir les sommes faramineuses afin de terminer l'année en paillettes. En effet, nous promettons d'obtenir telle moyenne si nos parents nous avancent la somme que nous leur réclamons; et jamais nous ne sommes de meilleurs diplomates, politiciens et négociateurs qu'en ces moments cruciaux où nous devons convaincre papa et maman que $100 et plus, c'est peu d'argent. Certains de ces fous se casseront les dents car il n'existe nulle autre espèce à l'instinct de préservation aussi aiguisée que l'espèce parentale. En effet, certains d'entre eux , nous enverront paître sans même écouter nos arguments et promesses. D'autres nous écouteront mais riront de nous en nous rappelant tous les méfaits que nous avons commis depuis notre plus tendre enfance. D'autres encore nous reprocheront de leur avoir promis une bonne conduite le décembre dernier Enfin,ils estimeront qu'ils remplissent déjà leur devoir en faisant de nous des êtres "blanchis, nourris, vêtus" et que "financer notre saison des fêtes" ne rentre pas dans leurs attributions. Début décembre. Pour ceux et celles qui auront, d'une manière ou d'une autre, obtenu l'argent qu'il leur fallait, vient un autre stress: celui de " Jere frechè w". En effet, il est hors de question de se rendre à Tara's, au Cercle Bellevue, à El Rancho ou autres, n'importe comment. Nous nous mettons alors à racler le fond de notre tirelire et nos comptes en banque pour acheter les tenues parfaites pour chaque circonstance. Quand nous nous retrouvons à court d'argent, nous mettons nos penderies sens dessus-dessous dans l'espoir de dénicher une tenue dans laquelle nous n'avions pas posé pour une photo postée sur Facebook ou Instagram, ou que notre cercle d'amis ne nous aura pas déjà vu porter. Cette étape est particulièrement frustrante pour les filles qui alors, envient les hommes qui n'ont qu'à changer de chemise ou maillot sans devoir s'inquiéter de leur pantalons, talons hauts, lingeries ou des nombreuses et ruineuses séances au salon de beauté. Les hommes, eux, se mettent presque à regretter d'avoir une copine à qui certains devront offrir tickets et boissons s'ils veulent pouvoir passer les fêtes en paix. Des deux côtés, on se met à comparer les prix des articles qui pourraient tenir lieu de cadeaux destinés à leur moitié sans oublier les parents qu'il faut remercier de nous supporter envers et contre tout. Finalement, la fête des Rois vient à passer et tous poussent un discret soupir de soulagement. Il n'y a plus de standard à maintenir, nos poches peuvent enfin cesser de saigner. C'est le retour de plein gré à la routine en attendant les vacances d'été... Millet Pascale H. DCEM1 <<Faites-vous dépister. Le diabète peut causer votre mort>>, tel est le message lancé par la Fondation haïtienne du diabète et des maladies cardio-vasculaires (FAHDHIMAC) en l’occasion de la Journée mondiale du diabète, ce 14 novembre. A l’heure actuelle, cette maladie persiste et continue à susciter crainte, peur, colère, désolation et superstition. Fort souvent, nous oublions de nous prendre en charge, de faire des préventions. Au final, par mauvaise habitude, ignorance et négligence, c’est un parent, un proche qui en paie les frais et ceci chèrement. Que représente le diabète en réalité ? Qu'est-ce-que le diabète? Le diabète est d’après l’OMS, une maladie chronique qui apparaît lorsque le pancréas ne produit pas suffisamment d’insuline ou que l’organisme n’utilise pas correctement l’insuline qu’il produit. L’insuline est une hormone qui régule la concentration de sucre dans le sang : la glycémie. L’hyperglycémie, ou concentration sanguine élevée de sucre, est un effet fréquent du diabète non contrôlé qui conduit avec le temps à des atteintes graves de nombreux systèmes organiques et plus particulièrement des nerfs et des vaisseaux sanguins1. En 2014, 8,5% de la population adulte (18 ans et plus) était diabétique. En 2012, le diabète a été la cause directe de 1,5 million de décès et l'hyperglycémie a causé 2,2 millions de décès supplémentaires2. Diabète de type 1 Le diabète de type 1 (précédemment connu sous le nom de diabète insulino-dépendant ou juvénile) est caractérisé par une production insuffisante d’insuline et exige une administration quotidienne de cette dernière. La cause de diabète de type 1 n'est pas connue, et en l'état des connaissances actuelles, il n'est pas évitable. Les symptômes sont les suivants: excrétion excessive d’urine (polyurie), sensation de soif (polydipsie), faim constante, perte de poids, altération de la vision et fatigue. Ces symptômes peuvent apparaître brutalement. Diabète de type 2 Le diabète de type 2 (précédemment appelé diabète non insulino-dépendant ou diabète de la maturité) résulte d’une mauvaise utilisation de l’insuline par l’organisme. Le diabète de type 2 représente 90% des diabètes rencontrés dans le monde. Il est en grande partie le résultat d’une surcharge pondérale et de la sédentarité. Ses symptômes peuvent être les mêmes que ceux du diabète de type 1 mais sont souvent moins marqués. De ce fait, la maladie peut être diagnostiquée plusieurs années après son apparition, une fois les complications déjà présentes. Récemment encore, ce type de diabète n’était observé que chez l’adulte mais on le trouve désormais aussi chez l’enfant. Diabète gestationnel Il se caractérise par une hyperglycémie, c’est-à-dire une élévation de la teneur en sucre du sang, avec des valeurs supérieures à la normale, mais inférieures à celles posant le diagnostic de diabète, apparaissant pendant la grossesse. Les femmes ayant un diabète gestationnel ont un risque accru de complications pendant la grossesse et à l’accouchement. Leur risque ainsi que celui de leur enfant, d’avoir un diabète de type 2 à un stade ultérieur de leur vie augmente également. Il est très souvent diagnostiqué au cours du dépistage prénatal et non pas suite à des symptômes. Notons qu’il existe aussi des diabètes dits « secondaires », provoqués par une autre maladie comme le cancer du pancréas, les antécédents de malnutrition ou par certains médicaments. Altération de la tolérance au glucose et de la glycémie à jeun L’altération de la tolérance au glucose et de la glycémie à jeun sont des affections intermédiaires qui font la transition entre normalité et diabète. Les personnes qui en sont atteintes sont exposées à un risque élevé d’évolution vers un diabète de type 2, même si ce dernier n’est pas inévitable. Facteurs de risque
Il n’y a pas de cause unique au diabète de type 2, mais plutôt un regroupement de facteurs qui augmentent le risque de développer la maladie. Voici les facteurs de risques les plus communs du diabète de type 2 :
Quelles sont les conséquences habituelles du diabète? Avec le temps, le diabète peut endommager le cœur, les vaisseaux sanguins, les yeux, les reins et les nerfs.
Prévenir le diabète, oui c’est possible ! Prévenir, c'est poser des actions pour éviter que quelque chose ne se produise. De nombreuses pistes ont déjà été explorées pour prévenir l’apparition d’un diabète de type 1, sans grand succès jusqu’ici. Des suppléments alimentaires comme la vitamine D ou l’éviction du lait de vache par exemple se sont montrés inefficaces. Des médicaments agissant sur les cellules immunitaires ont parfois montré une certaine efficacité, mais administrés tardivement ils n’empêchent pas l’apparition du diabète et ne sont pas sans risque et effet secondaire. Une recherche est en cours pour évaluer si l’administration orale d’insuline précocement à des enfants à haut risque de diabète de type 1 peut prévenir le déclenchement de la réaction immunitaire contre les cellules productrices d’insuline et ainsi l’apparition du diabète. L’idée est celle d’une désensibilisation à l’insuline, comme pour les allergiques à une substance, afin de rendre les lymphocytes tolérants à l’insuline et ainsi empêcher la destruction des cellules productrices d’insuline. En d’autres termes, l’espoir serait de développer un « vaccin » sous forme de comprimés d’insuline à administrer à de très jeunes enfants à haut risque de diabète de type 1, pour éviter la réaction auto-immune destructrice. Il reste à prouver qu’une telle stratégie est efficace dans la prévention du diabète de type 1 Dans le cas du diabète de type 2, il est possible d'agir concrètement en modifiant ses habitudes de vie. Ces actions peuvent permettre la prévention de la maladie, ou du moins en retarder l'apparition, ainsi que les complications associées.
Diagnostic et traitement On peut poser un diagnostic précoce à l’aide d’un test sanguin relativement peu coûteux. Le traitement du diabète impose d'avoir un régime alimentaire sain et de pratiquer une activité physique ansi que de réduire la glycémie et les autres facteurs de risque de lésion des vaisseaux sanguins. L’arrêt du tabac est également important pour éviter les complications. Vivre avec le diabète : une lutte possible qui requiert des exigences au quotidien Conseils pour vous aider à contrôler votre glycémie et votre poids • Pour une personne diabétique, l’activité physique apporte de nombreux bénéfices. Pour retirer le maximum de bénéfices, voici quelques recommandations: - Pratiquez 30 minutes d’activité physique d’intensité modérée (marche d’un pas rapide, natation, aquaforme, danse, bicyclette, etc.) la plupart des jours de la semaine. Cette activité peut également être fractionnée en séances de 10 minutes; - Ajoutez-y deux séances par semaine d’exercice contre résistance, à l’aide de bandes élastiques ou de faibles poids; - Profitez de vos activités utilitaires (entretien ménager, jardinage, etc.) pour bouger et privilégiez des modes de déplacement actifs (marche, bicyclette, patin à roues alignées, etc.). • Prenez trois repas équilibrés par jour. Évitez de sauter un repas. Les collations ne sont pas toujours nécessaires. Cependant, si vous avez faim entre les repas ou que vos médicaments antidiabétiques le requièrent, prenez une collation de bonne valeur nutritive. Exemples: - En journée : 1 fruit frais ou 175 g (3/4 tasse) de yogourt; - En soirée : 1 tranche de pain grillé avec 15 ml (1 c. à table) de beurre d’arachide ou 250 ml (1 tasse) de lait. Les crudités peuvent être consommées à tout moment de la journée ! • Prenez vos repas et vos collations à des heures régulières. Espacez vos repas de 4 à 6 heures et, s’il y a lieu, prenez vos collations de 2 à 3 heures après les repas. • Optez pour des aliments riches en fibres : pains à grains entiers, céréales riches en fibres, légumineuses, riz brun, pâtes de blé entier, fruits, légumes, noix et graines. • Limitez votre consommation d’aliments sucrés peu nutritifs: beignes, biscuits, boissons aux fruits, boissons gazeuses, bonbons, cassonade, céréales sucrées, chocolat, confitures, gâteaux, mélasse, miel, pâtisseries, sirops, sucre, tartes, etc. Si vous en consommez, prenez de très petites portions et faites-le de façon occasionnelle. • Buvez régulièrement de l’eau pour étancher votre soif. Optez pour l’eau comme boisson au quotidien. • Si vous utilisez des substituts du sucre (ex. : aspartame, cyclamates, saccharine, sucralose, stevia) ou des produits alimentaires qui en contiennent, faites-le avec modération. • Si vous consommez de l’alcool (vin, bière, spiritueux), faites-le en mangeant. Limitez-vous à une ou deux consommations par jour et ne le faites pas tous les jours. Les boissons alcoolisées peuvent faire augmenter ou diminuer votre glycémie. De plus, elles peuvent entraîner un gain de poids, car elles sont une source de calories. Il est recommandé de vérifier avec votre médecin s’il y a des contre-indications à consommer de l’alcool dans votre situation. Le diabète : entre espoir et désespoir ? Il est toujours préférable de prévenir au lieu de guérir. Dans le cas du diabète, d’importants progrès ont été réalisés notamment avec la pompe à insuline et actuellement on réalise des expérimentations pour créer un pancréas artificiel. Il ne s’agit pas d’un faux organe qui serait implanté dans le patient, mais d'une technologie externe, destinée à pallier la perte de sécrétion d'insuline par l'organe défaillant. Le dispositif est constitué de trois composants clés : un capteur, une pompe et un algorithme. Le capteur sous-cutané mesure la glycémie du patient en continu. La pompe perfuse l'insuline – elle aussi en continu – par l’intermédiaire d’une fine tubulure positionnée sous la peau. Ces deux composants sont déjà commercialisés, disponibles pour les diabétiques. L'enjeu du pancréas artificiel réside aujourd'hui dans la troisième partie du système : l’algorithme capable de faire le lien entre le capteur et la pompe de façon automatique. De nombreuses équipes scientifiques développent ainsi des algorithmes performants, capables de recevoir les données du capteur et de les interpréter pour calculer directement la quantité d'insuline à injecter, le tout étant embarqué dans un boitier de type smartphone. Parmi eux, celui correspondant à un projet européen auquel participe une équipe Inserm de Montpellier* vient de faire l'objet d'une des études les plus longues jusqu’ici réalisées en vie réelle : vingt adultes ont été équipés de ce pancréas artificiel et ont repris une vie normale durant un mois. Le contrôle automatisé de leur glycémie 24 heures sur 24 durant cette période était aussi bon que lorsque le dispositif n'était utilisé que la nuit : le temps passé sous le seuil maximal de glycémie autorisé était aussi long, et la fourchette dans laquelle variait la glycémie au cours de la journée était réduite. Ces données permettent d'espérer une commercialisation prochaine du dispositif. Il est temps de commencer ou de continuer à appliquer les mesures préventives en rapport avec le diabète en vue de préserver la santé et pourquoi pas, sauver des vies ? Certes, une vie ne vaut rien, pour citer l’autre, mais rien ne vaut une vie. Fabrice FILS-AIME étudiant en DCEM1 Sources 1Definition, diagnosis and classification of diabetes mellitus and its complications. Part 1: Diagnosis and classification of diabetes mellitus. Organisation mondiale de la Santé, Genève, 1999. Report Number: WHO/NCD/NCS/99.2. 2Rapport mondial sur le diabète Organisation mondiale de la Santé, Genève, 2016. Agence de santé et services sociaux de la Mauricie et du Centre du Québec. (2011). PRIISME diabète, Module 6 : L’alimentation [En ligne] Repéré à http://www.agencesss04.qc.ca/Diabete/pages/PDFs/Module6.pdf Diabète Québec. Ministère de la santé et des services sociaux du Québec. (2014). Coup d’œil sur l’alimentation pour la personne diabétique. |
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Mai 2019
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