Petite, je croyais que le rouge était la couleur de Noël et des fêtes de fin d'année en l'honneur du Père Noël. En grandissant, j'ai appris que ce dernier n'existait pas et qu'en fait, le rouge était symbole de la faillite qui nous guette en cette saison de festivités.
En effet, en décembre, nos comptes basculent dangereusement dans le rouge en raison de toutes ces traditions que nous tenons à respecter ainsi que tous ces événements sociaux auxquels nous participons envers et contre tout. Dès la fin de novembre, nous devenons tous gestionnaires et comptables, tentant tant bien que mal d'équilibrer nos comptes et, quand cela s'avère impossible, faisant de notre mieux pour répartir nos fonds de manière à survivre jusqu'à la fête des Rois. Peu importe si en janvier de la nouvelle année, il nous faudra jeûner ou prétexter un nouveau régime pour expliquer la réduction drastique de nos portions et repas. Fin novembre. Il s'agit pour les jeunes de notre âge de sélectionner tous les "programmes" auxquels ils comptent participer. "Un seul" se disent les plus sages, "Cinq ou six" pour les plus fêtards d'entres nous. Bienheureux ceux qui rentrent dans la catégorie des sages et ne se laissent pas envoûter par les nombreuses affiches faisant déjà la promotion de tel artiste ou de tel DJ qui nous promettent des nuits de tonnerre. Malheureusement, les sages sont peu nombreux et la folie, très contagieuse. Ainsi, la plupart d'entre nous, fous que nous sommes, nous nous retrouvons à renouer contact avec parrains et marraines, oncles et tantes, soeurs et frères travaillant déjà, dans l'espoir d'obtenir d'eux une partie ou la totalité de la somme nécessaire à l'achat d'un billet sur six. Ainsi, bien des appels plus tard, nous nous espérons de recevoir de nombreux transferts qui couvriront les frais pour ces fameux "programmes". Il existe cependant une autre catégorie de fous: ceux qui sont rebutés par l'idée de passer tous ces appels et de devoir flatter de trop nombreux ego, se retrouvent à préparer mentalement des discours à leurs parents. Éloges ou promesses, tout est bon pour convaincre père et mère de financer notre saison des fêtes. Nombreux sont ceux qui hypothèqueront la session académique pour obtenir les sommes faramineuses afin de terminer l'année en paillettes. En effet, nous promettons d'obtenir telle moyenne si nos parents nous avancent la somme que nous leur réclamons; et jamais nous ne sommes de meilleurs diplomates, politiciens et négociateurs qu'en ces moments cruciaux où nous devons convaincre papa et maman que $100 et plus, c'est peu d'argent. Certains de ces fous se casseront les dents car il n'existe nulle autre espèce à l'instinct de préservation aussi aiguisée que l'espèce parentale. En effet, certains d'entre eux , nous enverront paître sans même écouter nos arguments et promesses. D'autres nous écouteront mais riront de nous en nous rappelant tous les méfaits que nous avons commis depuis notre plus tendre enfance. D'autres encore nous reprocheront de leur avoir promis une bonne conduite le décembre dernier Enfin,ils estimeront qu'ils remplissent déjà leur devoir en faisant de nous des êtres "blanchis, nourris, vêtus" et que "financer notre saison des fêtes" ne rentre pas dans leurs attributions. Début décembre. Pour ceux et celles qui auront, d'une manière ou d'une autre, obtenu l'argent qu'il leur fallait, vient un autre stress: celui de " Jere frechè w". En effet, il est hors de question de se rendre à Tara's, au Cercle Bellevue, à El Rancho ou autres, n'importe comment. Nous nous mettons alors à racler le fond de notre tirelire et nos comptes en banque pour acheter les tenues parfaites pour chaque circonstance. Quand nous nous retrouvons à court d'argent, nous mettons nos penderies sens dessus-dessous dans l'espoir de dénicher une tenue dans laquelle nous n'avions pas posé pour une photo postée sur Facebook ou Instagram, ou que notre cercle d'amis ne nous aura pas déjà vu porter. Cette étape est particulièrement frustrante pour les filles qui alors, envient les hommes qui n'ont qu'à changer de chemise ou maillot sans devoir s'inquiéter de leur pantalons, talons hauts, lingeries ou des nombreuses et ruineuses séances au salon de beauté. Les hommes, eux, se mettent presque à regretter d'avoir une copine à qui certains devront offrir tickets et boissons s'ils veulent pouvoir passer les fêtes en paix. Des deux côtés, on se met à comparer les prix des articles qui pourraient tenir lieu de cadeaux destinés à leur moitié sans oublier les parents qu'il faut remercier de nous supporter envers et contre tout. Finalement, la fête des Rois vient à passer et tous poussent un discret soupir de soulagement. Il n'y a plus de standard à maintenir, nos poches peuvent enfin cesser de saigner. C'est le retour de plein gré à la routine en attendant les vacances d'été... Millet Pascale H. DCEM1
2 Commentaires
Lecteur
24/12/2016 08:04:57 am
L'auteure dit vrai 😂😂
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Jolicoeur
24/12/2016 09:17:09 am
Sage 😎.
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INTERMED
Un rêve qui a pris forme depuis le Nostradamus (journal non officiel qu'avait formé la promotion actuelle d'internat quelques années plus tôt) et qui se fait à présent tradition pour les promotions à venir. Suivez nous sur Instagram : @_intermed_ Archives
Mai 2019
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