Dirait-on que <<être présente>> constitue ma principale préoccupation vu que nombreux sont les gens ayant besoin de moi ? Néanmoins, étant vieille de 107 ans, je ne suis usée que dans le silence. Au fur et à mesure je perds ma place en tant que molécule. Elle est supplantée à celle d'un chewing-gum où je me sens abusée au jour le jour . Ainsi au sein de toutes les infirmeries, au fond de tous les sacs et tiroirs de bureau, au sein de tous les pots des marchands ambulants dans les rues de la capitale on me demande, on m'achète, on me consomme. Tout se passe à contre courant par rapport à la manière dont je l'avais imaginé. Une <<véritable panacée>>, c'est ainsi qu'on me qualifie pour combattre la douleur, le rhume, les maux de tête et la fièvre. Je m'affirme comme étant omniprésente à l'instar du smartphone dans la vie de tous les jours chez les gens apparemment sains. Aujourd'hui, je suis en passe de conquérir de nouveaux titres de gloire. En effet, je semble être active dans bien d'autres domaines notamment une éventuelle prévention de la maladie d'Alzheimer, la limitation de la sévérité d'un accident vasculaire cérébral ou de la résistance à l'insuline liée à l'obésité. Volonté de faire la prévention contre le cancer ou une maladie cardiovasculaire ? Un problème de coagulation sanguine? La solution est en moi à coup sûr ! Enfin, d'après ce qu'on dit... "Pou senti fè mal, do fè mal, tous, fyèv, tansyon, pran ti konprime blan sa, li bon pou tout sam sot site la". C'est un pseudo-qualificatif que je reçois à longueur de journée par ces profanes de rue qui estiment me connaître assez bien pour m'étouffer dans mon silence et parler à ma place. C'en est fini !! Il est clairement établi que mes effets bénéfiques sur le plan cardiovasculaire sont d'abord liés à mon action sur les plaquettes. Ces cellules sanguines sont bien évidemment impliquées dans la formation de caillot à l'origine de crises cardiaques et d'AVC(accident vasculaire cérébral). Je diminue en effet la capacité de coagulation du sang en rendant les plaquettes moins <<collantes>> et en empêchant leur agrégation. Important est-il de noter que l'inflammation joue un rôle très significatif dans le développement d'une maladie cardiaque. Elle participe à un cycle récurent de lésion et de cicatrisation des artères tapissés de plaques d'athérome. Un cycle pouvant conduire à la formation de caillots. Grâce à mes propriétés anti-inflammatoires j'assure ainsi la protection des vaisseaux enflammés des sujets souffrant d'athérosclérose et je limite le rétrécissement des artères. Dans la lutte contre le cancer je m'affirmerais dans un axe de chimio-prévention. Selon des études épidémiologiques, une prise régulière de ma molécule diminuerait le taux de mortalité liée au cancer de la prostate et aurait un effet protecteur nettement plus marqué dans les tranches d'âge les plus élevées. Il est également dit que je suis un sentinelle vis- à-vis du cancer colorectal représentant un véritable bras de fer chez les sujets à partir de la cinquantaine. La grande majorité de cancer du colon se développe à partir de lésions précancéreuses (polypes intestinaux). Ainsi, de faibles doses de ma molécule, à raison de quatre-vingt à cent soixante milligrammes par jour permettent de diminuer la récidive des polypes en inhibant la cyclo-oxygénase qui est responsable de la synthèse des prostaglandines impliquées dans le développement des polypes et des cancers intestinaux. Possibilité d'efficacité contre les maux de tête ? Je ne dirais le contraire. Car je calme non seulement ces derniers mais, prise quotidiennement, je suis aussi capable de prévenir leur survenue. D'autant plus que les séquelles d'un AVC sont moindres lorsque la personne consomme régulièrement mon métabolite. Car, par son action anti-agrégante il améliore la circulation sanguine dans le cerveau. <<Médicament miracle>>, un véritable bouclier anti-maladie, un <<seal team six>> envers tout un chacun sans la moindre ombre de doute. Il ne faut quand même pas se berner. Autant de facteurs justifiant clairement mon abus de consommation sans qu' il n'y ait risque que le torchon brûle . Malheureusement l'herbe n'est pas toujours verte. Ma véritable puissance est pourtant ma grande faiblesse et paradoxalement mon grand danger. À vous, fervents consommateurs de mon métabolite sachez que : les risques posés par ma prise quotidienne à faible dose pour des personnes sans risque cardiovasculaire dépassent les bénéfices en terme de prévention d'un accident cardiaque, selon une étude publiée dans la revue Archives of Internal Medicine . Les bénéfices pour les personnes qui n'ont pas ces problèmes sont beaucoup plus modestes et un traitement par cette molécule peut entrainer potentiellement des dégâts majeurs consécutifs à des saignements. L'étude menée par des chercheurs britanniques de l'université de Londres montrent certes, une diminution de 10 pourcent du risque de maladie cardiovasculaire, sans conduire pour autant à une baisse significative des décès dus à un accident cardio-vasculaire ou à un cancer. Cependant, du fait qu'elle (ma molécule) inhibe la coagulation elle accroît de 30 pourcent le risque de saignements gastro-intestinaux associés à un ulcère ou à une gastrite Elle augmente également le risque d'hémorragie cérébrale. Chez les femmes enceintes, je constitue un véritable facteur de prolongation de la grossesse. Ainsi, de doses variables de mon métabolite peuvent retarder la grossesse s' il est pris au dernier trimestre. Avoir son petit garcon ou sa petite fille qui est fébrile nous tenterait bien en tant que parents de se mettre à priori dans la peau d'un médecin et lui donner ce comprimé miracle qu'est l aspirine. Ne vous faîtes surtout pas avoir par ce jocker hors pair. Son utilisation comme antipyrétique ou antalgique chez l'enfant est à éviter. En effet, la fièvre a un effet antiviral bénéfique pour l'enfant. Tel est le comble de tout médicament. Il guérit certes mais tue également. Il faut reconnaître cette dichotomie entre <<avoir besoin>> d'un médicament et <<le vouloir>>: Si vous voulez de l'aspirine et que vous en avez besoin dans ce cas elle est utile dans le cadre d'un traitement ou de prévention. Si vous voulez de l'aspirine et que vous en avez pas besoin, elle est inutile. Judy JEAN LOUIS, DCEM II
1 Commentaire
Ce n’est qu’en participant au 25ème symposium scientifique annuel de la « HOWARD UNIVERSITY HOSPITAL MEDICAL ASSOCIATION », au Karibe Convention Center le 11 Janvier dernier, que je me suis rendu compte que parfois la science tend elle-même à duper les gens pour avoir une meilleure couverture. Vous ne le saviez peut- être pas mais selon un des grands cardiologues étrangers faisant partie des panelistes, le Dr David A. Gooray, il nous a fait comprendre que l’anatomie que nous perdons notre temps à étudier en première année n’est qu’une ébauche d’une antiquité qui tend quotidiennement à se renouveler. Cette histoire de tension artérielle (TA) normale de 120/80 mm Hg n’est que le fruit de la paresse des soldats américains, premiers à réaliser l’expérience de la prise de tension, qui à force de le faire, se sont fatigués et ont opté, face à des résultats probants pour une tension artérielle universelle normale de 120/80 mm Hg alors qu’en général, ce n’est pas vrai et il a expliqué comment et pourquoi… C’est simple, déjà que nous prenons toujours la TA dans le bras gauche du patient uniquement car nous sommes trop « lazy » pour la prendre dans les 2 bras, assis et debout, pour avoir la tension différentielle et se fixer. Nous oublions que les patients sont patients et que nous devons l’être aussi…s’il y a trop de malades à voir, alors ayez un plus grand effectif médical. Alors non, la TA normale de 120/80 mm Hg est à revoir car les nouveaux facteurs (environnement, cout de la vie, sédentarité, la manière dont la prise de la TA est faite etc.) portent à prouver le contraire. Maintenant, mis à part la tension artérielle, un autre paramètre vient en ligne de compte. Nous parlons de l’hypertension artérielle, un « silent killer », qui s’installe dans votre vie et qui vous tue à petit feu si votre hygiène de vie reste inchangée. Point besoin de revenir sur ce qu’elle est car il ne fait aucun doute pour vous, l’hypertension artérielle touche 1 humain sur 2 sur cette planète. Donc un sujet que vous connaissez assez bien. Je viens seulement soulever des points jugés intéressants à débattre par la communauté scientifique, estudiantine, qui exerce dans le domaine. L’hypertension artérielle serait-elle l’affaire du cardiologue ou de l’interniste ? (Je ne dis pas du néphrologue mais de l’interniste et j’ai mes raisons) L’hypertension artérielle (HTA) a pour définition l’augmentation de la pression artérielle (PA) ; l’HTA étant un syndrome et la PA comme étant la manifestation de ce syndrome. Quand on parle d’HTA il faut voir 2 organes en particulier : le cœur et les reins. Et si nous nous attardons sur comment, ou encore, où l’HTA sera déterminant en fonction des organes, il faudrait toute une session de cours pour en débattre. Ce qu’il faut savoir c’est qu’au niveau du cœur la partie la plus importante qui rentre en jeu dans cette hypertension est l’aorte centrale, car elle sera la dernière partie à supporter toute la pression qu’exerce ce dernier quand les canaux sont bouchés ou que la paroi du cœur a grossi ; et pour les reins, nous avons les mécanismes hormonaux : le système rénine-angiotensine-aldostérone (RAA), l’adrénaline, l’hormone antidiurétique, et les peptides natriurétiques. Cela sonne bizarre mais c’est paradoxalement très simple et très complexe en même temps. Les reins et le cœur marchent de pair dans l’HTA, car le cœur est chargé d’envoyer le sang vers les organes et les reins de l’épurer et d’éliminer les déchets, qui, s’ils restent ou si les reins sont en mauvais état, les tuyaux finiront par lâcher et les déchets feront des dégâts. Alors là, c’est à se demander, pourquoi dans le traitement de l’HTA les gens ne vont voir que leurs internistes alors que le problème concerne les 2 spécialistes. Le néphrologue viendra en 3eme position, sur demande de l’interniste vu que les reins sont son métier. Pourquoi dans la prise en charge thérapeutique, uniquement l’interniste s’en charge alors que si le problème vient du cœur et que vous vous attardez sur les reins, vous ne ferez qu’offrir quelque temps à votre patient alors qu’il aurait pu vivre plus longtemps si vous aviez pris le soin de vous mettre à 2 sur son cas ? Il aurait un meilleur suivi, cher ou pas mais au moins, il mourrait d’autre chose mais pas de vos années d’études. La santé n’a pas de prix. C’est ce que nous apprenons au fil des ans…Tant qu’on n’est pas malade on ne tient pas compte de la valeur des médecins ou de celle de l’équipe médicale, mais vous, professionnels de la santé faites de votre mieux pour attirer les gens vers vous, non pas en les assommant de faux espoirs mais en leur offrant les soins dont ils ont besoin, et non les repousser à cause de votre folie de grandeur, du syndrome des petits dieux. Le choix des antihypertenseurs devrait être éclairé, une décision prise de concert entre un interniste et un cardiologue, un choix basé sur le rapport bénéfice/risque pour la vie du patient car les antihypertenseurs ne sont pas sans danger… LE MÉDICAMENT EST UN POISON ! On s’évertue à donner aux patients des IEC (enalapril par exemple), des ARA-2 (losartan par exemple), inhibiteurs calciques (amlodipine par exemple), des bêtabloquants (carvedilol par exemple), diurétiques de l’anse (furosémide par exemple), des thiazides (hydrochlorothiazide (HCTZ) par exemple) mais on oublie d’expliquer aux patients les effets secondaires de ces derniers. Bien sûr, les médecins se laveront les mains car il n’est pas de leur ressort ; les médecins font le diagnostic et ils prescrivent en fonction de ce dernier. Mais les pharmaciens que disent-ils pour se défendre ? Que c’est l’écriture du médecin qui les empêche de lire la prescription…même quand par ailleurs ils exécutent cette dernière ! Alors quel est votre rôle en tant que garant de l’usage rationnel du médicament ? Ne serait-ce pas vous qui connaissez, après vos années d’études les bienfaits et méfaits de chacune de ces molécules, surtout après vos années d’expériences ? Il faut que quelqu’un dise aux hypertendus que le fait de prendre des médicaments à vie, les exposent à des risques plus élevés pour leur santé : le rapport entre l’HTA et le diabète, car les médicaments utilisés pour traiter l’hypertension sont déterminants sur la prévalence du diabète chez ces derniers . Il faut connaître les médicaments qui sont à effet rebond, c'est-à-dire qu’à l’arrêt brusque et sans raison de la prise de ces derniers, vous avez une augmentation rapide de la tension artérielle qui peut s’avérer fatale pour le patient ; la prise d’infusion avec les antihypertenseurs, qui vont rendre ces derniers toxiques pour l’organisme .Tout ceci est du ressort de l’équipe médicale, particulièrement le pharmacien, chargé de s’occuper de la santé de son malade. Car le patient lorsqu’il vient à votre clinique, il aurait aimé ne pas se retrouver là, sauf s’il s’agit d’une personne avec un déficit mental, mais toute personne douée de raison vous dira qu’aller chez le médecin n’est pas fort gratuit, qu’elle préférerait ne jamais y mettre les pieds. Alors donnez- leur une satisfaction ; l’argent ne peut pas être votre priorité, vous avez prêté serment ! Il a besoin d’informations sur le médicament qu’il va consommer, alors aidez -le à rester en santé. Médecins, faites des prescriptions lisibles, pharmaciens éduquez vos patients, cardiologues et internistes penchez -vous sur le cas des hypertendus car la prévalence de l’HTA augmente de jour en jour d’autant plus que le facteur génétique est à prendre très au sérieux ! Et à la population, hypertendue ou pas, ménagez votre hygiène de vie, le sel, le sucre, le gras réduisez-en la consommation , buvez beaucoup d’eau car tout comme la tuyauterie d’une maison, la tuyauterie de votre corps a besoin d’attention et des facteurs conduisant à une bonne réparation quand la demande se fait sentir. N’hésitez pas à aller voir votre médecin ou votre pharmacien afin d’eviter un peu plus tard une maladie cardiovasculaire ou une insuffisance rénale, 2 complications graves et irréversibles. Prekosyon pa kapon…Evite miyò pase mande padon Jean Duvenick, Pharmacien
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Mai 2019
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