‘’Ne serais-tu pas en train de perdre tes cheveux Pax ?’’ Je ne m’étais donc pas trompé… Mes yeux ne m’avaient joué aucun tour. Mes pires craintes allaient-elles se confirmer ? En fait depuis deux semaines déjà, je constatais que mes tempes semblaient porter de moins en moins de cheveux. Et quoique je m’étais trouvé mille excuses (ma vision de taupe, mon nouveau shampooing saveur gingembre, la dextérité douteuse de mon nouveau coiffeur…), à l’instar de mon pote Douko (fin observateur connu pour son indiscrétion) force est de constater que je devenais chauve.
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Je ne suis pas né de la dernière pluie donc j’ai déjà eu maille à partir avec l’hypocrisie sous bien des formes mais récemment elle a pris l’apparence de quelqu’un que je considère être mon ami. C’est donc pourquoi je prends le soin de lui faire parvenir le fond de ma pensée…
L’hypocrisie est le mot à employer dès lors que l’on ose parler de système de santé en Haïti. Complot de la mort serait à mon humble avis, plus juste comme appellation… Cependant on risquerait moins bien de débourser les bailleurs de fonds avec pareille dénomination. Que voulez-vous ? Tous les moyens sont bons pour se faire un peu de fric. ‘’Bandes d’hypocrites !’’ Ne venez pas feindre de vous offusquer des conditions de fonctionnement des hôpitaux publics ! N’avons-nous depuis toujours pas su qu’il est préférable de mourir la gueule ouverte sur un trottoir que de se retrouver inconscient à l’HUEH (par exemple)? Est-ce donc un hasard qu’on cache systématiquement les craquelures de nos murs sous une mince couche de peinture à chaque fois qu’un officiel nous visite ? Est-ce nouveau d’entendre que des gens tous les jours meurent faute de matériels, de personnels voire d’encadrement dans ces hôpitaux ? Est-ce une primeur que de dire que les médecins en formation ou pas sont très mal payés ? Combien de fois n’avons-nous pas entendu : Se ti doktè Jistiyen yo, pa bezwen touche, yo pa gen lajan ? Pourquoi prendre des airs de choc face à une réalité connue de tous : médecins, médias, dirigeants et autres ? Parce que vous êtes tous des hypocrites… Hypocrites, du premier au dernier… Du ministre qui est passé dans le moule de la crasse du système, aux médecins de service qui tour-à-tour appuient les dirigeants, encouragent les grévistes et redirigent les patients vers leur cabinet privé, jusqu’au public en général plus enclin à prendre les rues pour soutenir des candidats véreux que pour exiger des lits dans les urgences des hôpitaux publics et défendre leur droit à la santé. Hypocrites de prétendre que cette pétition est un cri de conscience car depuis 26 ans que les salaires des infirmières, internes, résidents et médecins de service n’ont pas bougé… Voudriez-vous me faire gober que ce n’est aujourd’hui que cette dernière enfin se réveille ? Hypocrites de ne pas y voir un moyen comme un autre de déstabiliser un gouvernement… Mais être hypocrites comme tout un chacun est un moindre mal à côté de ces faux-culs qui n’ont pas signé la pétition prétextant dans cette lettre qu’il y avait trop d’émotions… que l’augmentation exigée était à leur goût trop fulgurante… que la conjoncture politique n’est pas appropriée… Hypocrites et poltrons de se cacher derrière les autres en espérant que le peu de signature disponible pourra faire pencher la balance ou que la détermination des étudiants de l’HUEH sera aussi inébranlable qu’on la connait… Et au cas où les choses n’iraient pas comme on le voudrait, hypocrites de pousser un ‘’ouf’’ de soulagement en sachant que son nom et son nif ne figurent pas dans cette liste de pestiférés. À dire vrai, l’hypocrisie est à son comble que de croire que le personnel soignant , insensible à la douleur de la population qui se retrouve sans faux-fuyant devant des hôpitaux vides… sans acteurs qui triment jours et nuits pour pratiquer leur art et leur science du bout de leurs ongles. Quoi qu’il en soit, ne nous mentons plus, trouvons vite une solution à ce problème car aussi longtemps que durera cette grève et que nos hôpitaux seront fermés, nous tous (médecins y compris) sommes à la merci d’un sinistre. En définitive, peut-être qu’au décours de cette crise, si (un jour) un officiel ou un citoyen lambda a une diarrhée, on pourra leur indiquer aveuglement des toilettes dans nos locaux sans devoir leur suggérer la clémence d’un arbre ou la discrétion d’un muret. Michael Paxon Julien, Interne |