Halloween ? Gede ? : Leurs origines
J’ai toujours adoré le 31 octobre après midi. Petite, cela signifiait à mes yeux ,passer les 2 jours suivants chez moi, en train de regarder des films d’horreur qui ne feraient qu’accroître mon imagination fertile ,déjà remplie de sorcières, de monstres de toutes sortes .Grande fan d’Harry Potter, ces jours-là représentaient le moment idéal pour me replonger dans le monde de Poudlard. Je pouvais secrètement m’exercer à lancer des sorts devant mon miroir avec une branche morte en main en guise de baguette magique. Quand on ne passait pas uniquement mes films préférés à la télé ,en zappant les chaînes, je pouvais de temps en temps tomber sur des reportages qui se faisaient dans certains cimetières de Port-au-Prince...reportages qui effrayaient et fascinaient à la fois la fillette de 11 ans que j’étais. Pourquoi ces gens étaient-ils habillés de noir, avaient le visage poudré et dansaient de façon étrange ? Plus tard, j’ai compris que ces personnes que l’on montrait à la télé ne faisaient que reprendre un culte vaudou que l’on célébrait à cette époque : Les Gede. Oui...le 31 octobre , depuis ma tendre enfance, deux mondes remplis de magies et de mystères se croisent continuellement. Deux mondes remplis de symboles que la plupart d’entre nous ne prennent pas le temps de déchiffrer, de comprendre. Deux mondes qui m’ont poussée à faire certaines recherches.Recherches que je partage à présent sur ces pages blanches afin de ne point les oublier. Halloween ? Que signifie exactement cette fête ? Halloween est originaire d’Irlande, plus précisément d’une fête celtique appelée la nuit de “ Samain”. Le Samain était selon la croyance celtique un jour hors du temps, permettant aux vivants de rencontrer les défunts. Cette fête marquait la fin de l’année celtique et le début d’une autre et se célébrait le 31 octobre. Dans le but de christianiser cette fête dite païenne, au IXe siècle, le Pape Grégoire IV instaura la fête de tous les Saints le 1er novembre. Puis en 998 les moines de Cluny instaurèrent à leur tour la fête des défunts le 2 novembre qui, au XIIIe siècle,rentra officiellement dans la liturgie Romaine comme la commémoration des fidèles défunts. Le mot « Halloween » est donc une contraction de cette phrase “ All Hallows Eve” ce qui peut se traduire par “ le soir de tous les Saints”. Après la famine d’Irlande en 1845, beaucoup d’Irlandais migrèrent aux Etats-Unis, emportant avec eux leurs coutumes, dont la fête d'Halloween. Vous vous demandez sans doute d’où vient la légende de “ Jack’o’lantern” la fameuse citrouille au visage démoniaque ? Jack est un personnage légendaire d’Irlande, qui fut destiné à errer pour toujours dans une nuit sans fin, car il fut respectivement refusé au Paradis et en Enfer. Il avait comme unique source lumineuse un navet dans lequel Satan lui-même avait mis une braise. Mais à l’arrivée des Irlandais aux Etats Unis, la citrouille a remplacé le navet car elle était plus facile à modeler en tête démoniaque. Autour des années 20, Halloween commença à prendre une grande ampleur commerciale aux Etats Unis: les enfants se déguisaient en créatures effrayantes: sorcières, vampires, etc, et allaient, comme se le voulait la tradition Irlandaise, demander des bonbons au voisinage avec la fameuse phrase “ Trick or treat!” “ Des bonbons ou des mauvais tours”. Et au fil des ans, cette grande fête commerciale,avec l’américanisation ,prit une proportion mondiale d’où l’implantation même de cette fête dans notre société haïtienne qui se manifeste de plus en plus, année après année par les fameux “ Halloween Party”. Et la fête Gede dans tout ça ? Les Gede est une famille complète dans notre panthéon vaudou, ayant comme chef de file les barons. Le (a) Baron (ne) serait le (a) premier (e) personne enterré (e) dans le cimetière. Les Gede jouent selon le culte vaudou le rôle de psychopompe, c’est -à- dire des entités qui ont le rôle d’emmener les morts vers l’autre monde. Cette famille célèbre à la fois la vie et la mort. Ces entités ayant déjà tout vu, tout entendu, ayant déjà vécu tout ce que la vie avait à leur offrir, se délectent de la mort, puisque cette dernière ne représente que la fin d’un cycle et le début d’un autre. La compréhension de ces mystères les rend insolents. Insolence qui se manifeste par un penchant démesuré pour la grivoiserie: danse lascive, vocabulaire par moment obscène. Nos ancêtres, les esclaves africains ont emmené avec eux dans la colonie de St-Domingue le culte de la famille Gede et l’ont célébré les 1 e et 2 novembre (jour de la Toussaint et de la fête des morts) les assimilant à ces fêtes de l’église catholique, religion qui leur était imposée par leurs maîtres colons. En effet, le culte Gede vient d’Afrique, plus particulièrement de l’ancien Dahomey. Quelle histoire se cache derrière le culte des Gede ? Au départ, les Gede étaient un clan. Ce clan s’était formé suite à un mythe disant que Gede, le fils aîné de leur Roi, s’était sacrifié pour se rendre dans le monde des défunts afin de leur rapporter en rêve une potion capable de guérir les maladies qui sévissaient à l’époque dans leur village. Suite à ce sacrifice, ils firent exception à une règle de leur clan africain disant qu’il était interdit d’indiquer le lieu de sépulture des rois et des princes. Ils mirent ainsi une pierre à l’endroit où était enterré Gede et ce lieu devint un endroit où tous les gens de la communauté pouvaient venir afin de trouver la guérison. La descendance de Gede (les fils de Gede, encore appelles Gedevi) fonda le royaume de Dahomey, qui à la suite se subdivisa en plusieurs clans. Clans qui se faisaient mutuellement la guerre et dont les prisonniers étaient vendus aux négriers. Ces prisonniers arrivèrent pour la plupart dans la colonie de Saint-Domingue. Signification de certains symboles Dans le panthéon vaudou, chaque entité a une couleur symbolisant son culte, et les couleurs violet et noir (couleurs du deuil) représentent les Gede. Leur tenue vestimentaire: chapeau haut de forme, longue veste, redingote, est une simple analogie au croque-mort ou encore la tenue élégante du “ Baron”, le maître des cimetières. La poudre blanche, les cotons dans les narines est une autre analogie pour l’aspect des morts dans leur sépulture. La liste des noms de la famille Gede est longue et chacun d’entre eux a sa propre personnalité: Baron Samedi et sa femme Maman Brigitte Baron Cimetière Baron Kriminel Gede Nibo Gede Fouye Gede Loraj Papa Gede Gede Ti-Malice Gede Plumage Brav Gede Gede zareyen Savoir faire la part des choses Certains tenteraient de se montrer pro/contre Halloween ou Gede. D’autres ne verraient que quelque chose de satanique dans ces festivités. Mais au lieu de juger sans comprendre,il vaudrait mieux connaître leurs origines et faire la part des choses. Que nous le voulions ou non, Halloween d’une part et Gede de l’autre sont célébrés depuis des siècles, et chacune de ces fêtes a une origine culturelle qui est chère à des communautés. Certains seraient contre le fait que les Haïtiens “ s’américanisent “ en fêtant Halloween...d’autres ayant peur de leur héritage folklorique , feraient tout pour ignorer la présence de cette festivité. Et nombreux se voulant catholiques, iront à l’église pour la Toussaint et la commémoration des Défunts en priant pour la rédemption des âmes qui commettraient des rituels démoniaques. Moi je vous dirai ceci: En regardant les films sur l’Halloween je penserai à ces Celtes en Irlande qui fêtaient le Samain le 31 octobre et dont la descendance a apporté leur coutume aux Etats-Unis. En regardant les reportages sur Les Gede je penserai aux descendants des Gedevi (fils de gede) prisonniers de guerre qui ont été vendus, déportés sur une terre inconnue (la colonie de St Domingue) et ont assimilé leur culte à une religion que leurs nouveaux maîtres leur avaient imposée. Et en entendant retentir les cloches des églises pour la Toussaint je penserai au Pape Grégoire IV qui pensait bien faire en christianisant des fêtes qu’il jugeait païennes. Et je vous dirai, où que vous soyez et quelques soient vos croyances : Happy Halloween !Bonne Fête de la Toussaint ! Et Bòn Fèt Gede ! Milady Auguste, DCEM-IV
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En prélude au passage de l’ouragan Matthew en Haïti, les prévisions météorologiques insistaient déjà sur le fait que les départements du Sud et de la Grande-Anse seraient sévèrement touchés. La majeure partie de la population haïtienne ignorait la véracité de tels propos vu que l’un des derniers ouragans en date(FLORA) qui aurait pu s’apparenter à Matthew notamment en termes de dégâts dans les zones précitées remonterait à l’été de l’année 1964. Matthew, arrivé comme prévu sur Haïti le 3 Octobre 2016 a principalement balayé les zones déjà mises en alerte avec un vent soufflant jusqu’à 220km/h et se déplaçant avec une vitesse de 15km/h en moyenne. Les départements du Sud et de la Grande-Anse se voyaient arroser d’une pluie torrentielle accompagnée d’un vent violent arrachant et emportant tout sur son passage pendant plusieurs heures. Des habitants logeant encore les zones à risque pendant le cataclysme laissaient croire qu’ils étaient mal éduqués ou que la sensibilisation n’était pas faite ou mal faite ; avec des abris de référence mal entretenus ou inexistants. Tous des faits plaidant en faveur de l’inefficacité des mesures prises par les autorités, ce qui par conséquent ne faisait que rendre démesurés les niveaux de peur et d’inquiétude pendant le passage dudit ouragan. Le 5 octobre 2016, l’ouragan Matthew quitte Haïti après avoir dévasté le Grand Sud (Les départements du Sud, du Sud-Est et de la Grand-Anse) laissant ces habitants dans leurs pleurs et les enfonçant davantage dans la pauvreté. Dans une caravane d’aide aux personnes victimes de cet ouragan dans la localité de St Jean du Sud, INTERMED a eu la possibilité de constater les 15 et 16 Octobre 2016 que le bilan post- cyclonique n’était pas le fruit de l’imagination. Pour commencer, la route nationale #2 reliant Port-au-Prince au sud du pays était dévastée. Les grands arbres qui donnaient l’aspect campagnard et qui saluaient à la moindre brise quiconque s’aventurait sur la route n’y étaient plus. Le peu qui en restait, était rabougri et desséché sans la moindre feuille, au pire dépourvu de branche. Le paysage était étonnement triste avec les faux airs d’un champ de guerre. A Petit-Goâve, le pont était enseveli par du gravier si bien qu’il se confondait à la ravine. Des mares d’eau stagnantes se répandaient alors que poteaux et câbles électriques jonchaient encore le sol. En résumé, le chemin nous menant à St Jean était pénible et surtout hallucinant. Nous n’étions motivés que par l’idée d’être vivement attendus par la population et que notre intervention serait bénéfique quoiqu’à court terme… Dès l’entrée de la localité des gens s’entassaient et suivaient des yeux la délégation Notre Damoise suivie du gros camion avec la participation de Rotary Club. « Banm ti pam lan la nn ! « Yo resi rive, depi Yè nap tann yo ! » s’exclamèrent-ils. Nous continuâmes la route en longeant le bord de mer car à l’instar de toutes les autres villes australes, St Jean est également côtière. Le tableau n’était cependant aucunement différent : les routes mauvaises , les plantation ravagées, les maisons sans toiture, poteaux et fil électriques occupèrent le sol. Après une heure de route, nous arrivâmes finalement au presbytère. Les bénéficiaires nous précédèrent pour la plupart et d’autres arrivèrent presqu’en même temps que nous, tous défilant derrière nous et brandissant leurs cartes. D’emblée, nous commençâmes la distribution. Les gens formulaient toute sorte de plaintes afin d’être servis plus d’une fois. En dépit de tout aucun dérapage n’a été relaté. Néanmoins, certains se trouvaient insatisfaits de l’aide apportée. Leurs espérances dépassaient de loin le geste effectué. Mais, dans le besoin étant, ils s’en contentaient et acceptaient avec intérêt les matériels apportés. Aussi réclamèrent-ils notre retour car, pour les reprendre, la ville qui consommait essentiellement l’agriculture n’allait pas tarder à sombrer. Face à de telles préoccupations, on ose d’une part se demander si ces zones ne resteront pas dépendantes de l’aide alimentaire ou encore si ces dernières ne vont pas davantage s’enfoncer dans la pauvreté , et d’autre part commencer à penser au changement en agissant tout aussi bien sur les dangers planant sur les dites zones qu’en préservant les structures et domaines non atteints. Quelles sont les plus importants risques et dangers planant sur le Sud et la Grande-Anse ? Directement on peut citer
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INTERMED
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Mai 2019
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