L’année 1990 a été l’une des plus marquantes années faisant suite aux événements de la dictature des Duvalier et de leur chute. La société haïtienne est en crise, et l’Université, lieu de réflexion, cocon des futurs leaders, est en général l’une des premières institutions à se soulever pour que le pays connaisse des jours meilleurs. Mais, lorsque de pareilles situations se présentent, la frontière entre le secteur politique et le monde estudiantin tend le plus souvent à se rapetisser, entrainant une politisation d’un mouvement qui au tout début n’était que social.
Cependant, « dans toute crise apparaissent des leaders qui savent ce qu’ils ont à faire » et dans ce cas, la tâche n’était pas des moindres. La crise avait des répercussions directes sur la gente estudiantine, et plus particulièrement sur ceux de ses membres qui s’étaient tournés vers le noble sacerdoce que représente la profession de médecin. A l’époque, Haïti ne comptait peut-être pas parmi les pays les plus mal classés du monde, mais elle restait un pays pauvre pour lequel la santé représentait un atout pour le développement. Devant la menace flagrante de la reconversion politique des étudiants en médecine de la Faculté de Médecine et de Pharmacie de l’Université d’Etat d’Haïti (FMP/UEH), une décision s’imposait : celle de créer une autre faculté de Médecine, capable de donner à la population les prestataires de soins dont elle a tant besoin. Mr Fritz DE LA FUENTE, Dr Robert GERMAIN, Dr Jean-Robert MATHURIN, Dr MALBRANCHE, et d’autres l’avaient compris et cette décision prenait peu à peu corps lors des réunions bihebdomadaires qui se tenaient à l’Hôtel Olofson. Avec l’aide du Vatican, ce projet caressé depuis quelques années, allait devenir réalité : le pays allait être doté d’une nouvelle faculté de médecine, apolitique, afin de pallier à la crise que traversait la Faculté de Médecine de l’Université d’Etat à l’époque, mais aussi au fil des années, afin d’augmenter le nombre des médecins qui dispensent des soins à la population haïtienne. Dès la fin de la première moitié de l’année 1994, des campagnes de sensibilisation sont lancées, dans les églises, principalement catholiques, le Vatican chaperonnant le projet, les quartiers etc… en vue de faire une levée de fonds pour ce qui allait devenir la Faculté de Médecine et des Sciences de la Santé de l’Université Notre- Dame d’Haïti (FMSS/UNDH). Les donateurs se montrent généreux, mais les embûches n’étant jamais trop loin du succès, certains événements affectent la concrétisation de ce grand rêve. Les leaders ne baissant pas les bras, les démarches continuent. La collecte de fonds va bon train, mais pas suffisamment. Un donateur se propose alors, la TEXACO, qui fait une offre inespérée: un million de dollars américains pour que des jeunes désireux de devenir médecins, concrétisent leur rêve, pour améliorer la disponibilité des soins pour la population. Le 16 novembre 1996, la Faculté de Médecine et Sciences de la Santé de l’Université Notre-Dame d’Haïti voit le jour, alors que la Faculté de Médecine et de Pharmacie de l’Université d’Etat d’Haïti se remet de sa crise. La population en ressort gagnante : deux facultés formant des médecins pour que les normes de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) quant au nombre de médecins pour mille habitants soit respectées, corroborant cette assertion de Paul MORROY : «La crise n’est pas comme une maladie dont on ne peut pas sortir, elle est comme une sorte de nouvelle naissance». Mélissa JUPITER Publié le 27 Mars 2014 dans la 2eme parution d'intermed.
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