Je réalise avec tristesse que les temps passés de l'enfance me manquent terriblement. Ces moments où je l'avoue avoir des réponses et des explications toutes faites pour mes multiples questionnements ; je regrette vraiment le temps où le sexe n'était qu'une notion floue dans notre existence et où la reproduction était attribuée à la cigogne qui se chargeait de faire la livraison de bébés.
Par contre, ce qui n'a pas changé c'est nos multiples questionnements qui n'en finissent pas ; questions sur notre quotidien, questions sur nos multiples besoins... Cette curiosité grandissante pour ces pulsions naissantes qui parfois dérangent et qu'on essaie d'apprivoiser. Je m’interroge aujourd'hui sur nos petits plaisirs solitaires qui pourraient s'apparenter pour certains comme des plaisirs honteux. Le plaisir solitaire serait-il un sujet tabou? Romans et films nous renvoient à cette pratique assidue, pourquoi donc nous n'en parlons pas? La masturbation est une pratique sexuelle qui consiste à rechercher le plaisir en stimulant les zones érogènes ou les parties génitales. Elle peut être manuelle ou aidée d'objets sexuels communément appelés « sextoys » et avec ces derniers, nous sommes les héros de nos fantasmagories. Objets que nous manipulons avec justesse puisque c'est nous qui sommes à la commande. L'autoérotisme serait-il une perversion du vrai plaisir ? Ils affirment tous que cette pratique est bonne pour le morale, c'est un antistress et ils jouissent à coup sûr ! Ce qui n'est pas pareil avec un partenaire qui débouchera soit sur une déception soit sur une satisfaction incomplète ; ce qui ne peut leur faire trouver le Nirvana qu'ils cherchent tant. Le sexe à sens unique serait la solution à tout cela. Les études rapportent même que ça améliore aussi l’image de soi et la connaissance de son propre corps, menant dès lors à une plus grande satisfaction sexuelle. Malgré tout cet éloge pourquoi la masturbation serait-elle un problème au moment où la recherche du plaisir sexuel est très approuvée? J’ai essayé d'éclaircir quelques points seule et parfois avec quelques amis, hommes et femmes qui sont tous concernés par cette pratique. Se sentant menacés par les godemichets, les vibromasseurs ou encore le dernier womanizer W500 (stimulateur clitoridien) plus puissant et surtout avec 8 niveaux d'intensité allant du plus doux au plus intense qui garantit des orgasmes à n’en plus finir, les hommes s’exclament : « vous avez vu la taille de ces machins c’est plus que j'en aurai jamais !» Comment donc peut-on rivaliser avec un appareil qui offre dans 9 cas sur 10 l'orgasme tant recherché qu’on n’est pas sûr d'apporter dans les ébats dits conformes ou encore le vrai plaisir ? Le choix est pourtant facile se dirait-on. Quand leur partenaire s'installe devant l’écran de l’ordinateur ou du portable pour se faire un bon porno « afin de bien commencer la journée » pour citer un ami grand consommateur de cyber sexualité ou mieux encore, quand elle tombe sur lui aux toilettes en train de se faire une gâterie avec ses mains ou encore avec ses masturbateurs électroniques, les femmes se sentant humiliées sortent à coup sûr cette phrase « je suis pas assez bien pour toi, je ne suis pas assez bonne au lit ! ». Quoique bonne pour soi, la masturbation nous angoisse et nous titille quand il s'agit de l'autre. Certains témoignent leur inquiétude, leur déception voir même leur dégoût face à l'essor de cette pratique qui s'installe malgré tout. Ils ne partagent en aucun cas cette forme de liberté sexuelle et pensent que ce n'est qu'un vice à combattre. Pour remonter loin dans l'histoire, au 17eme siècle, la masturbation était condamnable. Avec la découverte au microscope d'animalcules dans le sperme humain, de multiples questions se posent, par exemple: faire couler le sperme, un liquide si précieux, ne serait-il pas criminel si l'on considère les spermatozoïdes comme prémices de l'être Humain? La masturbation s'est beaucoup retrouvée au-devant de la scène, cette ancienne condamnation morale a fait son petit bonhomme de chemin quand on se rappelle que le philosophe Diogène de Sinope aurait rétorqué que pour s'abstenir de toute tentation de la chair qu'il fallait se masturber. Ceci allait à l'encontre des conventions de l'époque. Il y avait alors un phénomène de répression totale de la masturbation si bien que des mesures furent prises telles que la conception de gants en cuir, des ceintures de chasteté masculines ou féminines pour empêcher la masturbation. Jetons à présent un coup d'œil sur l'article publié en 1877 à propos de la masturbation dans le dictionnaire de médecine et de thérapeutique médicale et chirurgicale : « Les garçons et les filles se livrent également à la masturbation, soit par corruption morale et par goût prématuré de la débauche, soit par une sorte d’habitude instinctive contractée dans le berceau à un âge où il est impossible d’admettre l’existence de la dépravation… Dans la seconde enfance et chez l’adolescent, la masturbation est un vice moral qui a les plus déplorables effets sur la santé, car elle ébranle les systèmes musculaire et nerveux, elle affaiblit l’intelligence et les sens... » Après cette rentrée dans l'histoire de la répression tournée autour de la masturbation, que dire de l'essor que prend cette pratique quand on annonce l'arrivée de robots sexuels dans les bordels d’Amsterdam en 2050 et les hologrammes palpables que les japonais sont en train de développer. Nos orgasmes seront livrés dans des clés à domicile, il nous suffira d'appuyer sur un bouton pour atteindre le septième ciel. Ne serait-il pas finalement une menace quand le plaisir partagé à deux s'efface de plus en plus? Quand le plaisir de l'autre importe peu ? Quand nos mains, nos doigts et les jouets petits ou grands remplacent le contact sensuel de la peau de l'autre sur la sienne et où tout ce plaisir ressenti en regardant l'autre jouir s'estompe ? Face à tout cela nous devons faire la part des choses. L'évolution quoique nécessaire, nous rapproche parfois de l'humanité comme de la barbarie, elle nous montre à quel point nous avons eu si souvent tort. Ces écrits passés et présents sont si contradictoires. On disait que la masturbation était malsaine et néfaste et maintenant, elle est essentielle à la maturation sexuelle. Il en est de même pour l'homosexualité. Au départ, une maladie pour ensuite être une orientation sexuelle normale. Nous nous sommes souvent sentis menacés par la différence et l'inconnu. Moi, je dis: "Apprivoisons nos fantasmes qu'ils ne nous rendent ni antisocial ni dépendant, qu'ils ne participent pas au désordre et à la destruction de soi, mais à notre élévation." Rejetons le surplus et que chacun fasse selon sa morale ce qui l'épanouit le plus. Nous pouvons associer les différences pour avoir un résultat équilibré, surtout que l'on sait que maintenant nos plaisirs solitaires se pratiquent à deux. Les films xxx font partie intégrante de la vie de couple et les objets sexuels sont parfois utilisés pour les partenaires cherchant des sensations nouvelles ou encore pour pimenter leur vie de couple. La sexualité s'apprend, elle n'a rien d'inné. Se toucher permet d'apprivoiser les sensations de la zone génitale. Elle ne doit être en aucun cas en compétition avec la sexualité partagée à deux. Daëlle Gaudin DCEM-II
2 Commentaires
Paxon
14/2/2016 04:41:06 am
J'aime bien ton texte d'autant plus qu'il est osé. J'ai moi même déjà traité le sujet et ça a valu à mon journal d'alors: Le p'tit Nostradamus d'être fermé. lol.
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Pomme
17/2/2016 05:08:30 pm
Personne ne devrait etre jugee sur sa pratique sexuelle.
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INTERMED
Un rêve qui a pris forme depuis le Nostradamus (journal non officiel qu'avait formé la promotion actuelle d'internat quelques années plus tôt) et qui se fait à présent tradition pour les promotions à venir. Suivez nous sur Instagram : @_intermed_ Archives
Mai 2019
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