Un grand homme eut à dire un jour que "l'éducation est l'arme la plus puissante au monde". Mais que nous reste t-il quand cette dite éducation qui nous est due nous est happée des mains par une situation de crise ?
Le chaos, tout simplement. Le début du mois de novembre qui dans notre folklore est désigné sous l'appellation "du jour des morts" a été témoin d'un ensemble d'actes et de décisions qui ont mené vers une situation de deuil. Deuil administratif...deuil idéologique. Les étudiants de l'université Notre Dame D'Haiti FMSS se sont retrouvés du jour au lendemain orphelins. Nos professeurs, nos membres administratifs, nos " modèles " ont déserté . Nous laissant sur le qui-vive. Nous laissant face à un avenir incertain. Une structure qui prônait le perfectionnement continu depuis plus d'une quinzaine d’années semble vouloir basculer du coté de la falaise. Que s'est -il exactement passé? N'y a-t -il pas eu de signes avant-coureurs de cette catastrophe ? Notre organisme administratif n'avait-il pas pris note des péripéties si médiatisées des facultés étatiques ? Tant de questions qui se lisent dans les regards et les discours de plusieurs d'entre nous, et que nous allons essayer de répondre en toute impartialité. Notre ancien corps décanal qui en l'espace de huit ans a su faire malgré vents et marées un travail exemplaire, s'est retrouvé à la fin de son second mandat au terme de l'année académique 2013-2014. Jusqu’au mois de novembre, aucune décision du rectorat n’ayant été rendue publique en ce qui a trait à la mise en place d'un nouveau décanat, l`ancien corps décanal a continué son travail, dans le souci d’assurer la bonne marche du système. C'est ainsi que la période estivale s'est passée sans encombres : les stages d'été en Europe et en Haïti se sont faits comme à l'accoutumée, un nouveau calendrier académique a été mis sur pied, les concours d'admission pour nos facultés de médecine et de pharmacie ont été réalisés, les examens extraordinaires se sont déroulés sans trop de peine et les différents résultats ont été proclamés . La nouvelle année académique 2014-2015 a donc débuté comme le voulait le calendrier, le 6 octobre 2014 sous la direction du corps décanal ayant oeuvré les huit dernières années. Mais au grand dam de tous, le 1er novembre 2014, jour férié, on annonce à la communauté estudiantine que l'ancien décanat n'est plus. Plusieurs ont d’abord cru qu’il s’agissait d’une rumeur, puisqu'aucune annonce officielle n'avait été faite avant le congé de la Toussaint. Mais le lundi 3 novembre 2014, la rumeur se confirme par une note affichée sur les murs de notre faculté annonçant un nouveau doyen. C’est le début d’une situation de crise. Les stages de la DCEM-I n'ont pas lieu, certains professeurs s’absentent. C’est la confusion totale. Le Rectorat dont la première mission serait de nous donner pour exemple une conduite morale organise le renvoi brusque de l'ancien décanat sans aucune formalité ni aucun décorum. Mardi 4 novembre 2014, la tension continue de monter. Les étudiants de DCEM-II et DECM-III ne peuvent pas eux non plus se rendre en stages. La rumeur circule: tous nos chefs de département d'études ont démissionné. Rumeur qui sera vite confirmée par le Comité Central des Etudiants (CCE) lors de son intervention dans la salle polyvalente. La faculté est officiellement en crise. Les étudiants s'impatientent, leur avenir de futurs médecins et pharmaciens est hypothéqué. Mais leurs représentants au sein du CCE essaient tant bien que mal de gérer cette situation qui semble les dépasser. Les revendications des étudiants ont été claires et nettes au cours de cette réunion avec le CCE: «Nous voulons nos cours pour lesquels nous payons si cher, nous voulons le retour de nos anciens professeurs qui faisaient bien leur travail, nous voulons nos stages en Haïti et en Europe, nous voulons une bonne transition en ce qui a trait au décanat et surtout avoir une cérémonie officielle pour pouvoir remercier l'ancien corps décanal et peut être même avoir à l'avenir un droit de vote pour la mise en place d'un décanat». Ce même Mardi 4 novembre 2014 au cours de l'après midi , le Rectorat demande aux étudiants de monter à la salle polyvalente pour accueillir le nouveau «présumé–doyen». L'invitation a été déclinée car en tant que futurs médecins ou pharmaciens nous ne pouvons accepter une invitation à une investiture qui ne se fait pas suivant les normes . Mercredi 5 novembre 2014, les majors des différentes promotions demandent aux étudiants de venir assister aux cours. Mais une note non signée et non scellée venant du Rectorat est affichée sur les murs de la faculté nous invitant à rentrer chez nous pour revenir le lundi 10 novembre 2014. La raison: problème de planning au niveau des stages demandant une révision au niveau du calendrier pour " un certain temps". Consternation générale : Depuis quand les affaires académiques sont-elles gérées par le rectorat ? Et depuis quand faisait-on sortir une note sans la signature et le sceau du rectorat? Une autre réunion avec le CCE s'est donc imposée. Les revendications qu'ont voulu faire valoir nos représentants au sein du CCE ont été encore très claires : la reprise normale de nos cours. L'accent a été porté sur la position neutre que devraient avoir les étudiants : «Nous ne prenons pas partie pour le retour d'un ancien décanat ou le renvoi d’un rectorat. Nous voulons que les choses se fassent dans les normes, nous voulons une bonne transition dans la gestion des affaires académiques et nous souhaitons surtout préserver cette image noble de futur pharmacien et médecin 5 étoiles que la faculté a toujours prônée». Mais à présent le CCE doit passer à une étape supérieure : premièrement s'adresser à la presse pour couper court à cette diffamation qui circulant depuis mardi dit qu'une investiture s'est faite avec la communauté estudiantine ; en second lieu s'adresser à l archidiocèse pour que cette crise soit gérée de la façon la plus rapide et la plus efficace possible. Dans la soirée de ce mercredi 5 novembre la lettre envoyée par le CCE aux médias pour mettre un terme à la diffamation du Rectorat a été lue sur les ondes et une note du CCE est envoyée aux étudiants leur demandant de rester chez eux car les différents membres du dit CCE auraient une rencontre à l'archidiocèse. Cependant, le jeudi matin 6 novembre 2014, certains étudiants n'ayant pas reçu la note du CCE, se sont rendus à la faculté et se sont retrouvés devant les barrières...FERMEES. En attendant un compte rendu de la rencontre du CCE à l'archidiocèse, les étudiants de la FMSS continuent de se ronger les freins... Il faut noter que cette situation de crise est déplorable dans un établissement privé et aurait pu être évitée s’il y avait eu une bonne coordination entre l'ancien décanat et le rectorat et si une transition s'était faite dans les normes. Car il est absurde que les victimes soient les étudiants, qui sont en fait le moteur économique de cette faculté. Une démission massive des professeurs peut être jugée par certains pairs admirable car ils font montre d'une solidarité contre le manque de décorum du Rectorat, mais mettre en danger par ce geste de solidarité l'avenir des étudiants ne serait-il pas travailler contre l'idéal même du médecin 5 étoiles? Contre l'idéal de fournir à Haïti -dont le système sanitaire est déjà bancal- un ensemble de prestataires de la santé efficaces et efficients qui pourraient changer l'avenir du pays? Plusieurs seraient tentés de faire une analogie entre la crise de la FMSS d'aujourd'hui et celles des différentes facultés étatiques d'hier. La conclusion serait alors la suivante : Le problème universitaire Haïtien ne se limite pas aux institutions étatiques, encore moins aux institutions privées. Le problème universitaire Haïtien se retrouve en nous-mêmes, dans notre incapacité à gérer nos crises internes, dans notre comportement impulsif qui ne nous pousse pas à agir de façon transparente pour l'avenir de nos étudiants et de ce fait pour l'avenir d' Haïti. Milady Auguste DCEM-II Coordonnatrice D'INTERMED, Journal Étudiant de UNDH-FMSS
1 Commentaire
ok
6/11/2014 10:34:32 pm
Merci pour cette article Mlle Milady. Je pense que nous en avions besoin. Il est toujours bon de revendiquer. C'est du très bon travail. Encore merci
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Mai 2019
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