Voilà une semaine que je m'endors bercé par la douce mélodie des détonations d'armes à feu. Leur concerto commence pile poil à 21h30, l'heure à laquelle je décide d'aller me coucher. Je ne sais pas qui est le maître d'orchestre, mais je le félicite déjà. Je me demande comment il fait pour savoir quand Morphée m'ouvre ses bras. Je pose ma tête à peine sur l'oreiller, je ferme les paupières et voilà qu'il donne le signal. Tout le monde est à son poste et ajuste son instrument. Et top ! C'est un 9 millimètre qui commence. Il tire trois coups et tous les musiciens du quartier répondent en canon. Le morceau interprété s'appelle « Nou gen zam ». Il est joué par le grand orchestre "Brigade de la Plaine du Cul de sac" en l'honneur de nos invités spéciaux « Groupe 60 ». Voilà, j’ai essayé du mieux que j'ai pu de tourner ce sujet en dérision. Mais il suscite plus d'inquiétude que mes métaphores et jeux de mots. Pour ma part, je n'étais pas au courant de cette affaire. Ce n'est que le lendemain, en me rendant à la fac que j'ai découvert pneus enflammés et autres obstacles qui auraient servi à décourager les malfaiteurs nocturnes à professer le crime dans notre quartier. Qui sont-ils? Une soixantaine d'hommes et de femmes qui pénètrent dans les maisons, vous poussent à avoir des rapports incestueux avant d'exercer sur votre corps l'art de la machette créole. Ils comptent dans leur rang -paraît-il - des sidéens qui vous partagent leur infection après des rapports non protégés. Peut-on se considérer comme chanceux d'avoir survécu à leur visite? Car même en restant vivant, les souvenirs de ces actes hanteraient le reste de votre existence. Mythe ou réalité? Je ne saurais répondre. Je n'ai rencontré personne connaissant quelqu’un connaissant quelqu’un qui ait été victime de ces malfrats. La seule preuve de leur existence n'est rien d'autre que cette peur tangible que chacun ressent le soir avant de s'endormir. Bien sûr, il y a ces messages de mises en garde sur les réseaux sociaux accompagnés de « témoignages», «confessions ». De quoi pourrais-je qualifier ces anecdotes? L'argent n'est pas leur mobile. C'est ce qui terrifie la population haïtienne. Le « Groupe 60 » trouve satisfaction en infligeant une peine physique et psychique à leur dites victimes. Ils possèderaient aussi le don de passe-muraille, un « point » leur permettant aisément de s'introduire chez autrui. Réel ou pas, il faut quand-même noter une chose positive. Le « Groupe 60 » a réussi à unifier les quartiers grâce à la création des « brigades », ces équipes de surveillances nocturnes entre voisins. Je me demande si cette ambiance conviviale et fraternelle régnera encore quand l'affaire sera bouclée. Ce n'est pas que je n'y crois pas... Pour moi, c'est comme l'enfer : si ça existe vaut mieux être prudent. En attendant je m'endors en appréciant le sifflement des balles, l'explosion des détonations. Et au moindre moment de silence prolongé je sursaute : nos brigadiers se seraient-ils assoupis? Paul Edouard BARBOT,DCEM-I
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Le mercredi 11 Novembre dernier, la seconde étape du concours Miss FMSS, organisé par la DCEM3, a eu lieu. Cette fois-ci, les miss se voyaient interroger sur des thèmes sociaux, culturels, environnementaux ou politiques par le jury. Beauté, élégance et ignorance furent à l’honneur. En effet, nombreux furent les spectateurs qui, après avoir été enthousiasmés par les candidates au concours rivalisant de charme, tombèrent des nues. Dans la salle polyvalente de notre faculté, les réponses hors-sujet ou vagues et les absences de réponses se succédaient à un tel rythme qu’on remarquait à peine les réponses approximativement correctes.
Selon certains, la culture n’était pas au rendez-vous parce que les candidates n’avaient été averties qu’au dernier moment qu’elles auraient à subir une étape telle que celle de mercredi dernier. D’autres évoquent le stress comme étant à la base de ce fiasco. Mais qu’est-ce que la culture a à voir avec des questions où notre avis, sur des sujets qui font d’ailleurs partie de notre quotidien à tous, est sollicité ? Depuis quand avoir un avis ou une opinion et être en mesure d’expliquer son point de vue requiert une préparation de près d’une semaine ? Parce que, pour ceux qui l’ignoraient, le comité organisateur du concours, dans une vaine tentative de rendre la compétition plus rude, avait fait parvenir aux candidates les thèmes des sujets sur lesquels elles seraient interrogées. De plus, si le stress est bien connu pour nous faire oublier nos leçons, peut-il vraiment nous défaire de notre opinion qui, après tout, est une composante essentielle de notre personnalité ? Mais bon, on ne peut trop faire de reproches à nos représentantes puisqu’elles ont été plus courageuses que la plupart d’entre nous et se sont portées volontaires pour leur promotion où personne d’autre n’osait le faire. Et, dans les promotions où l’on ne trouvait pas de volontaires, on força tout simplement la main à certaines soit en donnant leur nom sans leur accord, soit en tirant leur nom au sort, soit en les soumettant à une pression intense. Le plus affligeant pour beaucoup était de comprendre que bien que les miss ne fussent pas au top de leur performance, bien des spectateurs leur rivalisaient puisqu’ils applaudissaient avec vigueur et beaucoup de cris d’encouragement les réponses les plus vides de sens. Et nous savons tous que ces manifestations enthousiastes, loin d’être moqueuses, étaient des plus sincères. Et dire qu’en tant qu’étudiants, nous représentons une part non négligeable de l’élite intellectuelle haïtienne. Cette élite-là même qui dénonce avec tellement d’indignation l’ignorance du peuple serait-elle encore plus ignorante que ceux qu’elle accuse de l’être ? Après tout, si la majorité de la population ne brille pas par son intellect, c’est parce qu’elle n’a pas accès à une éducation de qualité et n’a pas la possibilité de pallier cette faille. Ceci est loin d’être notre cas. En effet, nous avons, en principe, passé treize ans de notre vie sur les bancs de l’école à jouir de ce droit à l’éducation qui n’est pas donné à tout le monde et, quand nous n’avons pas accès à une bibliothèque bien fournie, nous avons accès à internet où des Giga bytes de données sur toutes sortes de sujets sont disponibles. N’est-il pas temps pour nous qui, quand nous « n’écrasons pas la bête », sommes occupés à perdre allègrement et savamment notre temps, de réanimer nos neurones hibernant depuis trop longtemps ? H. Pascale Millet. PCEM2 A dire que pendant, tout ce temps on a osé nous mentir à l’école, fausser la définition de ce concept clé qui fait le bonheur de plus d’un sur le village terrestre.
Nous sommes en démocratie, dit-on, nous nous gouvernons donc nous-même (ceci est de l’ironie). A 18 ans on devient citoyen, mais dès notre naissance on est consommateur. Nous, jeunes d’Intermed, n’avons pas connu la dictature du type despotique des Duvalier mais par contre, on connait et vit déjà la dictature du marché. Cette liberté qui étymologiquement prend naissance du concept « Libéralisme » tend vers l’asservissement, nous aimons tellement ce mot que nous nous rabaissons juste pour entendre «Tu es libre ». En fait, on dit que l’homme est libre pour mieux le contrôler. Et qu’est-ce qui le contrôle? L’argent. Argent ! Money ! Dinero ! Qui n’en veut pas ? Avoir de l’argent, c’est tout avoir parallèlement ; n’est-ce pas superflus de le considérer ainsi ? Car en fait l’argent que nous aimons tous n’équivaut qu’au chiffre 0. Lors de nos débuts en division, on nous disait toujours que tout nombre divisé par 0 (aussi grand qu’il soit) se substitue à lui-même tout comme l’argent de nos jours, prenons une compétence, une qualité et mettons-le prêt de l’argent et il les contaminera alors qu’il devrait être tout aussi important que du papier toilette ou des pneus de voiture. Mais hélas ! D’une manière tout aussi drôle la religion caractérise l’homme de « libre ». Le libre-arbitre est un don du ciel fait à l’homme, dit-on, alors que si l’homme s’en sert il est puni. Exemple terriblement bien illustré par Adam et Eve (bien que la Genèse ne soit que de l’épopée) qui en faisant un choix libre ont été châtié du paradis où leur liberté n’était que sur condition. Moi, j’oserais même dire que la liberté c’est comme un couteau tranchant donné à un enfant. « Utilisez-la et on vous la reprendra ». D’un autre côté, se tiennent les athées, les libres penseurs, en gros tous ceux qui ne font pas de serment d’appartenance à quoique ce soit, tout ceux qui pensent être chef de fil d’eux-mêmes. Ben, la psychologie se tient en véritable rabat-joie et rejette tous ces fantasmes et vous dit : « le moi n’est pas maître dans sa propre maison » (Sigmond Freud). Notion bien connue par nous haïtiens, en 2011 par exemple lors de la publication des résultats de nos élections présidentielles, la communauté internationale ne décida de notre sort que dans la matinée (à 4h du matin). Ce n’est pas que la volonté d’organiser des élections honnêtes et réflétant le choix du peuple soit absente mais la volonté en elle-même n’est pas libre si c’était le cas, tout ce que l’on voudrait dans la vie on l’aurait. La volonté est indissociable des contraintes. La liberté l’est tout autant. Les vendeurs de rêves tels que deux des candidats aux élections présidentielles, Drouillard Marc-Arthur qui prétend que les haïtiens ne sont pas libres car ils sont enfermés dans une calebasse et que lui seul en tant que président sait les rituels vaudouesques nécessaires visant à vaincre cette malédiction et l’excellent homme éduqué Sauveur Pierre Etienne qui à chaque question posée à lui, brandit vaillamment ces deux livres (condensé de son programme politique) comme si deux pauvres livres d’à peine une cinquantaine de pages pourraient résoudre les problème de ce pays. « Menm yon bon bibliyotèk pa ka ranje pwoblèm nou yo ». Ils disent que les jeunes, étudiants sont ceux qui peuvent vraiment choisir un bon dirigeant « Si nou pa al vote se lòt moun ki pa konn li ke yap peye pou al vote pou nou ». Ces candidats, ces particuliers, ces organisateurs d’élections ont-ils essayé de nous joindre ? Les débats présidentiels se sont multipliés mais ont-ils pensé à organiser un débat où les jeunes-étudiants, « avenir du pays », en seraient les « stars » c’est-à-dire ceux qui posent les questions ? Le libre-arbitre n’existe pas, la volonté indépendante nous rend dépendants. La liberté dite indépendante n’est pas, toute chose n’est pas égale. La liberté de choix, celle où l’on ose dire que telle chose nous appartient n’est que folie, seul un fou pense que la nature est sienne et malheureusement le monde en a vu éclore de ces œufs, ces fous revendeurs d’illusion (la liberté). Nous ne nous pouvons nous prétendre libre dans nos choix qui peuvent être issu d’un concept culturel, d’un idéal commun ou d’un contexte déterminé bien avant notre naissance. Ne serait-ce pas « Liberté » d’accepter que nous sommes prisonniers ? Le monde est fait de contrainte, de ce fait, la liberté ne peut être vu que suivant le particulier mis en question. En fait voilà la liberté est contrainte. Oh, je ne crois pas connaitre ce figure de style, définir un mot par un autre antithétique, c’est pas mal du tout. Si j’étais totalement libre, j’aurai eu le choix d’écrire ceci ainsi « asgdjdtyhgfngftfhbdes », ça aurait refléter ma pensée mais combien aurait compris ? La liberté entraine alors la non-compréhension ! Moi, je suis né sans direction et sans choix. Je dis donc merci à ceux qui me commandent. Si vous connaissez plusieurs commandeurs, réjouissez-vous car la seule recette pour vaincre un obstacle est d’en avoir d’autres. C’est face à des ordres incompatibles que j’aurai le choix de choisir. La liberté existe dans cette corde où deux idées divergentes tirent aux deux bouts. Est-ce la liberté d‘étirement ? Quoiqu’il en advienne j’ose dire que la liberté est à cette croisée des chemins où toute prédisposition inculquée en nous par notre environnement reste muette comme quand la communauté internationale décide pour nos dirigeants. Xiulet (Chrismy Augustin- PCEM2) |
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INTERMED
Un rêve qui a pris forme depuis le Nostradamus (journal non officiel qu'avait formé la promotion actuelle d'internat quelques années plus tôt) et qui se fait à présent tradition pour les promotions à venir. Suivez nous sur Instagram : @_intermed_ Archives
Mai 2019
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