La tuberculose est une maladie très contagieuse causée par le Mycobacterium tuberculosis qui touche le plus souvent les voies respiratoires, elle ignore les frontières. Elle représente l’une des menaces majeures de santé publique dans le monde et une importante cause de mortalité évitable dans la population adulte. Les migrations de personnes à partir de pays où l’incidence est élevée vers les pays à basse incidence et les déplacements de population à travers le monde peuvent influencer l’incidence de la maladie dans de nombreux pays. Les contacts permanents avec les organisations internationales actives dans la lutte antituberculeuse dans le monde, telles que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires (UICTMR / IUATLD indiquent que la majorité des décès survient dans les pays en voie de développement. En 2009, environ un tiers de la population mondiale est infecté par le « Mycobacterium tuberculosis » avec une probabilité d’évolution vers la tuberculose-maladie. L’OMS a déclaré en 1993 que la tuberculose était une urgence sanitaire mondiale. La tuberculose est transmise par voie aérogène, c’est-à-dire d’une personne atteinte de tuberculose pulmonaire à une autre personne non infectée. L’infection se transmet à travers un aérosol et de très petites gouttelettes de sécrétions bronchiques («droplet nuclei»), sont dispersées dans l’air lors de quinte de toux et inhalées par la personne saine en contact. Le risque de contamination dépend de la concentration des mycobactéries dans l’air ambiant, de la virulence des microorganismes, de la durée d’exposition et de la réceptivité individuelle de la personne en contact. Dans la pratique, cela signifie que seules les personnes atteintes de tuberculose des voies aériennes (poumons, bronches, larynx) peuvent transmettre la maladie, pour autant que leurs expectorations contiennent des bactéries tuberculeuses en quantité suffisante et que ces expectorations atteignent l’air ambiant sous forme d’aérosol . Parler et chanter peut contribuer à la dispersion de mycobactéries dans l’environnement, surtout en cas d’atteinte tuberculeuse du larynx. La tuberculose entraîne des conséquences économiques sérieuses et profondes sur les patients et leurs familles principalement par les coûts de diagnostic et de traitement encourus, les coûts de transport pour avoir accès aux services de santé et le temps de travail perdu (Menzies and Al. 2004). Fini le temps où les tuberculeux étaient traités comme des malades de la peste, Haïti se trouve face au défi mondial d’éliminer ce fléau d’ici 2050. Un pari difficile à gagner vu les mauvaises conditions de vie de la population. Haiti reste toutefois, le pays qui présente l’incidence la plus élevée dans la région. L’incidence des cas pulmonaires à microscopie positive est passée de 180/100.000 à 133/100.000 selon les publications de l’Organisation Panaméricaine de la Santé /Organisation Mondiale de la Sané en 2007. En 2012, il y avait 212 nouveaux cas pour 100000 habitans, 206 nouveaux cas en 2014 et une prévalence de 254/100000 ,en 2016 on en comptait 194 nouveaux cas sur 100000 habitants ,les résultats obtenus dans cette lutte sont, assez encourageants ce qui temoigne d’une baisse significative par rapport aux données de 1990 avec 247 nouveaux cas pour 100000 habitants et une prévalence de 376/100000. En 2017 le taux de mortalité lié à la tuberculose était de 5 %. Les activités de lutte contre la Tuberculose en Haïti ont débuté vers les années 40 avec la création de la ligue anti-tuberculeuse en 1948 et du Sanatorium de Port-au-Prince qui demeure aujourd’hui encore une Institution de référence et un Centre Hospitalier Universitaire. Cependant, il fallait attendre l’année 1967 pour la mise en œuvre d’un programme de Tuberculose avec la collaboration de la Croisade Antituberculeuse (CAT), une branche de l’International Child Care (ICC) qui était chargée d’exécuter les différentes activités à l’époque. La vision du Programme National de Lutte contre la Tuberculose(PNLT) du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) est de garantir de manière permanente la disponibilité des services aux tuberculeux au niveau de l’ensemble des institutions sanitaires du pays à travers des soins intégrés de santé primaires en vue de diminuer la morbidité et la mortalité par tuberculose en Haïti. Voici quelques stratégies du programme: -Dépistage de la Tuberculose Malgré l’atteinte de l’objectif de dépistage visé dans le Round 3 du projet Fonds Mondial, Haïti n’a pas encore atteint l’objectif de dépistage de 70% des cas attendus fixé par l’OMS pour la région. -Renforcement institutionnel Beaucoup de services de santé ont été renforcés de manière á offrir une prise en charge globale aux patients ; le personnel a été formé, le matériel et les intrants étaient disponibles en vue de prêter á temps les services aux patients. -Renforcement des capacités et développement des ressources humaines Haïti a été présent à toutes les réunions, conférences ou assises internationales et régionales, Le personnel de terrain a pu bénéficier d’un encadrement de proximité dans certains départements spécifiques du pays. -Elaboration de normes Les normes du programme ont été révisées. De nouveaux chapitres portant notamment sur la prise en charge de la Tuberculose pédiatrique et la co-infection TB/VIH ont été élaborés et intégrés aux normes. Le programme introduit graduellement le protocole thérapeutique de 6 mois avec les médicaments combinés contenant les 4 principes actifs (4FDC) -Collaboration TB/VIH Plus d’une quarantaine d’établissements de santé fournissent déjà des services de prévention, de dépistage volontaire et de tuberculose. Cependant, le besoin d’élaborer un plan conjoint TB/VIH représente actuellement une nécessité évidente pour les deux programmes parce qu’Haïti accuse un retard important par rapport aux autres pays de la région dans la collaboration TB/VIH -Communication sociale et mobilisation communautaire Un grand pas a été franchi avec la réalisation de l’enquête CAP et l’élaboration du plan de communication sociale en Tuberculose. Le matériel d’éducation en rapport avec les différents segments des populations ciblées (groupes-cible) devra être élaboré. -Projet binational Au cours de l’exercice, les autorités nationales ont pu jeter les bases d’une collaboration avec la République Dominicaine pour la Tuberculose, pour le SIDA et pour la co-infection TB/VIH. En ce qui concerne la Tuberculose, deux grandes réunions binationales de planification ont été réalisées et les produits de ces réunions ont permis la conception d’un plan d’exécution. -La problématique de la Tuberculose dans les grandes villes Conjointement avec ses partenaires, le programme veut multiplier les efforts pour développer de nouvelles stratégies pour améliorer le dépistage et le traitement de la tuberculose dans les grandes villes. -La Tuberculose dans les prisons Le projet soumis au Fond Mondial au cours du Round 3 par le PNLT avait prévu de lutter de manière efficace contre la Tuberculose dans les prisons. La Co-Infection TB – VIH Plus de 49 institutions de santé fournissent à la fois des services de prévention, de dépistage volontaire et de prise en charge des malades co-infectés. Les efforts pour augmenter l’accès à la prise en charge de la co-infection TB/VIH sont significatifs. Plus 60% des patients tuberculeux sont testés pour le VIH. -La Tuberculose multi-résistante Le programme veut donner une autre dynamique au problème de la multi-résistance en suscitant l’intérêt de tous les experts pneumologues et chercheurs du pays. Il prévoit de créer un groupe de réflexion, un conseil pour discuter de la complexité des cas, du respect du protocole thérapeutique national, des variantes qui ont été apportées et du devenir des cas qui ont été mis sous traitement. -La tuberculose pédiatrique La formation des prestataires en prise en charge de la tuberculose pédiatrique a constitué pendant l’exercice précédent un acquis important pour le programme. La tuberculose pédiatrique représente environ 20% des cas de tuberculose. -Le projet binational Ce projet représente actuellement une priorité pour le Programme National parce que les échanges migratoires sont très intenses entre les deux pays. Les migrants représentent un groupe à risque et la probabilité de retrouver de nombreux cas de tuberculose parmi eux peut être très élevée. -L’Alliance Public – Privé (PPM : public – privé mix) Des réunions d’information et de sensibilisation ont été réalisées avec les médecins privés de certaines grandes villes telles : Port-au-Prince, Jacmel, Cap-Haitien, Gonaïves et Cayes ; Le programme espère obtenir une plus grande participation des médecins privés par le développement d’un partenariat avec l’Association Médicale Haïtienne. -Focalisation sur les groupes à haut risque Identification des zones à haute incidence tuberculeuse dans les grandes villes (bidonvilles, quartiers défavorisés, etc.) Haïti a le devoir de faire progresser ses indicateurs, d’augmenter sa couverture en DOTS, d’augmenter sa détection et de fournir à la population des services de tuberculose compatibles avec les Recommandations internationales de l’OMS et de l’Union Internationale Contre la Tuberculose et les Maladies Respiratoires (UICTMR). Pour se faire, il faut l’implication du personnel sanitaire à tous les niveaux, des leaders politiques, des leaders sociaux, de la communauté et finalement de la famille pour que tout un chacun constitue un front commun en vue de faire face à ce fléau. Norbrun Kerry DCEM II
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Mai 2019
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