Quand il a fallu “discrètement” enquêter afin d’ourdir à nos lecteurs un article à la hauteur de leurs espérances et capable de satisfaire leur curiosité gourmande, plusieurs difficultés s’opposèrent à cette démarche. Tout d’abord, nul ne semblait être objectivement d’accord quant à l’existence et à l’origine de ce syndrome. Ensuite, à côté du fait que personne (mais vraiment personne) ne voulait être cité dans les lignes qui suivent, il semblait n’exister jusqu’à date aucune définition consensuelle sur cet ensemble de manifestations rassemblées pourtant en un syndrome notoire. Et enfin, jamais (à en croire notre seule expérience) un sujet d’enquête n’a suscité autant d’émoi au sein du public (du fou rire aux regards haineux en passant par les “se voye yo voye ou tigason!?!”). Qu’à cela ne tienne, nous avons fait du mieux que nous pouvions, compulsant la flopée de témoignages consentis recueillis (mais qui finalement resteront anonymes), battant sans relâche le pavé décanal et remuant la question parmi la foule des sentimentaux dispersés au sein de notre chère FMSS (en couple, seuls, en situation intermédiaire ou en quête de compagnon) afin de dégager les grandes lignes de ce phénomène et qu’une fois pour toute lumière soit faite sur le syndrome de l’internat.
S.I. : la définition Il correspond à un ensemble de modifications comportementales dues à un sentiment d’insécurité relationnelle amoureuse en prélude à l’année d’internat hospitalier qui vient clore de bien longues études médicales. Suivant que ces manifestations soient décelables par les proches, les amis ou tout simplement par un observateur lambda, on en déterminera deux formes : l’une frustre (cachée) et l’autre évidente. Et bien que ce syndrome touche préférentiellement les femmes en “fac” de médecine, il n’existe pourtant aucun justificatif avéré de l’immunisation des hommes puisque jusqu’à date aucune évidence de cas masculins affectés par ce phénomène n’a été démontrée. Dans la description d’un cas (que nous qualifierons de ) “typique”, c’est une étudiante dans la vingtaine, célibataire, bien avancée dans ses études de médecine (DCEM1 au moins) qui à l’analyse du déséquilibre besoins affectifs et ressources masculines, prend conscience de la nécessité de faire un ensemble de démarches en vue de se trouver un compagnon de cœur “de choix” avant l’année d’internat. Ces démarches personnelles (en substance) visent de prime abord à revoir à la baisse l’ensemble de ses critères de sélection (faisant fi de la longue liste de fioritures, et ne gardant que le strict nécessaire de compatibilité). Puis, de ce néo-critérium se dégagera une liste de potentiels compagnons au sein de sa promotion dans un premier temps et dans les autres dans un second temps. Et enfin, elles (ces démarches) initient “l’affectée” à un processus (tardif mais ô combien efficace) de mise en valeur de sa personne : maquillage intempestif, vestimentation surfaite, participation inédite voire organisation de certaines activités extra-académiques... S.I. : les risques Bien que le syndrome échappe encore à notre plein entendement au vu de sa complexité, certaines situations prédisposeraient des personnes bien précises à présenter les symptômes et signes de cette affection (à en croire nos enquêtes). Sans le moindrement poser un quelconque jugement sur la foi et les choix de vie de qui que ce soit, il a été révélé que l’esprit conservateur de la religion (ou de certaines pratiques religieuses austères) n’aidait en rien la cause de nos chères demoiselles. Par ailleurs le mauvais caractère de certaines d’entre vous, le refus, l’impossibilité ou encore l’incapacité de participer à des activités ludiques, le port de certaines coiffures exotiques pas forcément en accord avec la rigueur de nos climats, la négligence de l’aspect extérieur entre autres tendances... quand ils sont présents, semblent définitivement grever le pronostic relationnel de l’étudiante en médecine. Facteurs de risque 1) Appartenance à moins de deux (2) cercles en dehors de la faculté 2) Caractère grincheux ou peu jovial 3) Amour de son lit 4) Allergie aux sorties 5) Précédent fâcheux au premier cycle (PCEM1 & 2) : rupture violente, scènes de ménage... 6) Appartenance à certains groupes religieux réformés très conservateurs 7) Négligence ou ambigüité vestimentaire 8) Utilisation irréfléchie d’additifs capillaires : greffes, rallonges, perruques etc... 9) Circulation et évolution en groupuscules fermés: bases de célibataires... 10) Contrôle parental poussé... S.I. : la pathogénie Mais alors, une fois prise dans l’engrenage de la machinerie médicale six jours sur sept (6/7) par semaine, depuis le lever (voire avant) et très souvent jusqu’après le coucher de soleil, pour des étudiantes qui sortent peu (ou pas) et qui en dehors de la fac ne fréquentent aucun autre milieu, le choix de compagnons amoureux se limite malheureusement à un “pool” restreint de messieurs fréquentant leur école. Et quand de surcroît, mademoiselle est pointilleuse sur certains micro-détails: petit ami de même confession religieuse que soi, musculature de lutteurs, tranche d’âge bien spécifiique, compte bancaire bien pourvu etc, elle (l’étudiante) restreint d’avantage le peu de choix qui déjà s’offrait à elle mais aussi au reste de la faculté. En effet, compte tenu du ratio femme-homme 3/1 dans cette faculté, les chances pour que l’élu de son cœurs ne soit pas déjà pris sont infimes... Et quand on sait que les autres filles auront fait pratiquement les mêmes réflexions et les mêmes supputations, on se dit tout au fond de soi que cette quête de l’âme sœur (comme vous dites) n’est pas gagnée d’avance. Les mecs sont rares, soit, Mais que vient donc chercher l’internat dans tout ça? À dire vrai, l’internat en tant que septième année de formation, vient porter un coup fatal au capital attractif (magnétique) de bon nombre de nos étudiantes : cumul de nuits blanches, de mauvais régime alimentaire, confort de la sédentarité et de l’embonpoint. De plus, quoique sur la pente déclive, nos demoiselles devront s’affronter (si vous nous permettez l’expression) non seulement entre elles mais aussi en internat, elles devront se mesurer à l’aune des infirmières et autres prestataires de soin d’autres institutions, plus jeunes ou tout simplement moins longtemps vues, supportées... Comme quoi, toute nouvelle, toute belle!!! Ainsi donc, tout ceci semble se liguer et conduire inévitablement nos consœurs vers cette ruée pour la mainmise sur le peu de ressources masculines disponibles dans leur école, autrement dit vers le syndrome de l’internat. S.I. : le diagnostic Bien que certains changements comportementaux puissent être perçus par la personne elle-même, il est communément admis que les proches sont les premiers (et parfois les seuls) à déceler ces modifications en série qui sont vécues par l’affectée comme normales et voulues. Quoi qu’il en soit, le symptôme avant-coureur le plus souvent répertorié est une mélancolie traînante chez une jeune étudiante seule, ou qui peine dans le sillage d’une déjà ancienne rupture à sortir la tête de l’eau. Cette mélancolie que rien n’arrive à juguler ni les petits plaisirs de la vie quotidienne peut perturber les études et s’aggraver... Par conséquent, une dépression est à craindre et à rechercher. In fine, vis-à-vis des facteurs de risque, d’une mélancolie chez une amie, chez une sœur ou une consœur esseulée dans ses études, pensez aux prémices du syndrome de l’internat. S.I. : le traitement et la prophylaxie L’unique solution admise à ce problème consisterait “selon bon nombre d’entre nous” en une prise de conscience de la vraie valeur de la femme, étudiante en médecine. Qu’il soit entendu que le bonheur ne passe pas obligatoirement par les quatre murs d’un foyer conventionnel : le mari, sa femme et leurs deux enfants. De plus, il serait salutaire d’expliquer à nos consœurs que le “perfect mate” quand il existe ne portera pas forcément la blouse. En résumé, pour enrayer définitivement ce phénomène (en thérapie comme en prophylaxie) une forte dose de jovialité, quelques centimètres cube (cc) d’ouverture d’esprit, deux ou trois apparitions au cours de fêtes et de célébrations culturelles par an et par dessus tout beaucoup de chances/ bénédictions... Conclusion En définitive, s’il est plus qu’évident pour certains que le syndrome de l’internat est une pure invention misogyne de certains étudiants mâles en quête d’aventure, en vue d’affoler et d’appâter de candides étudiantes, l’on peut cependant sans grand risque de se tromper, rattacher ces manifestations à une situation réelle, un vécu sentimental de plusieurs générations modélisé en un syndrome. En effet, il n’est un secret pour personne le ratio homme-femme dans cette faculté en net déséquilibre du côté de nos camarades féminins... Nul ne pourrait prétendre ignorer le nombre époustouflant de couples à voir le jour en sixième année (pré-internat) assimilable à une course à la mainmise sur cette denrée rare: les hommes. Si le syndrome tel que survolé précédemment, prend pour une minorité les couleurs d’une blague un peu galvaudée par le temps, mauvaise plaisanterie à laquelle l’on devrait couper court tambour battant, il est (Dieu merci) pour bon nombre d’entre nous, motif de sourires et de fous rires. Toutefois, aussi hilarant que puisse être la situation, cette étudiante finissante célibataire interviewée riait (tout de même un peu) jaune, quand entre deux (2) questions elle nous confia : “ Je n’ai pas le temps pour me trouver un petit ami. Et mon séjour pendant les vacances au Cap ne me rassure guère... Là-bas à l’hôpital Justinien, ils sont déjà tous en couple !!!” Michael Julien Paxon (Internat) NB: ce texte a été publié dans le format pdf D'INTERMED " Syndrome de l'internat "
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